Tsinandali | Domaine du prince Chavchavadze

Tsinandali (En géorgien : წინანდალი) est une appellation d’origine protégée (AOP) de la région viticole de Kakhétie, en Géorgie. L’AOP Tsinandali est liée à la famille princière Chavchavadze. Le poète Aleksandre Chavchavadze a été le premier à rendre le vin géorgien célèbre au XIXe siècle. En 1835, il a contracté un prêt d’un million de roubles pour vingt ans afin de développer la région. Il construisit une cave souterraine remplie de qvevris et fit construire une usine pour la fabrication de tonneaux. Aujourd’hui, sa somptueuse demeure au cœur des vignobles est la perle des bâtisses de Kakhétie.

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Histoire du domaine de Tsinandali

Tsinandali avec la maison historique d’Alexandre Chavchavadze, est l’un des sites culturels les plus importants de Géorgie.

La maison-musée

Le palais de Tsinandali appartenait à Garsevan Chavchavadze, ambassadeur de Géorgie en Russie à l’époque du roi Eréklé II. Il a été hérité par son fils unique, Alexandre Chavchavadze, fondateur du romantisme géorgien, poète et personnalité publique.

La maison des Chavchavadzé à Tsinandali a été construite en 1886. A l’intérieur on y retrouve un tas d’objets personnels des membres de la famille comme diverses publications du XIXe siècle, des manuscrits du XVIIIe siècle, des photos, des peintures et des motifs lithographiques, des meubles géorgiens, russes et français et divers articles ménagers des XVIIIe et XIXe siècles.

La jardin du domaine

Autour de la maison, le jardin décoratif de Tsinandali s’étend sur 18 hectares. Alexandre Chavchavadze a fait appel à des architectes paysagistes européens pour le construire. Il est unique en son genre, avec ses variétés exotiques et son aménagement. Vous y trouverez également des plantes exotiques de Chine, d’Amérique, du Japon, de la mer Méditerranée et d’autres pays. Dans le jardin de Tsinandali, vous verrez la vallée de l’amour. Selon la légende, si un couple peut marcher dans cette allée les yeux fermés, leur amour perdurera.

La cave à vin de Tsinandali

La cave à vin de Tsinandali est située au niveau de l’hôtel Radisson. Il s’agit de l’une des premières caves de Géorgie, construite en 1835. C’est à cette époque que le vin géorgien a été mis en bouteille pour la première fois. Alexandre Chavchavadze est la première personne dans l’histoire de la Géorgie à avoir mis en bouteille du vin géorgien fabriqué dans le style européen. Dans la cave de Tsinandali sont conservées 16 500 bouteilles de vin mises en bouteille dans différents pays.

Localisation et taille de l’AOP Tsinandali

La microzone Tsinandali est située dans la municipalité de Telavi, sur la rive droite de la rivière Alazani à une altitude comprise entre 350 et 700 mètres. Plus précisément, la microzone se trouve sur les contreforts et la vallée d’Alazani, ainsi que sur les pentes forestières nord-est de la chaîne de Tsiv-Gombori. Elle est bordée par la gorge de Chumatkhevi (gorge de Chuma) au nord-ouest et par la gorge d’Akuriskhevi (gorge d’Akuri) au sud-est.

Tsinandali comprend les villages : Akura, Vanta, Busheti, Kvemo Khodasheni, Tsinandali Kisiskhevi, Kondoli, Nasamkhrali, Shalauri, Kurdghelauri, Vardisubani, Ruispiri, Karajala, Gulgula et Ikalto.

Terroir de la microzone de Tsinandali

Histoire d’une appellation mythique

Au début du XIXe siècle, dans les domaines des princes de Kakhétie, la viticulture et la vinification étaient importantes. Garsevan Chavchavadze, qui avait une place particulière parmi les nobles, a emprunté un million de roubles à la banque en 1835 pour construire une grande cave à vin avec un laboratoire pour la vinification dans le village de Tsinandali. L’ensemble était couplé à des usines de distillation à vapeur pour le marc géorgien qu’on appelle chacha.

« Mentionnons l’expérience vécue par le chevalier Jacques-François Gamba, qui se rendait en Kakhétie, à Tsinandali, dans la nouvelle demeure que le prince Garsevan Tchatchavadzé venait de faire construire. Celui-ci attachait une grande importance à la culture de la vigne et donnait du soin à la fabrication des vins de son domaine. Il en fit goûter quelques-uns au voyageur qui notait : «… Le prince nous fit goûter de ses vins de trois et huit ans : ils étaient de bonne qualité, et n’avaient pas, comme un grand nombre de vins de la Géorgie, le défaut d’être un peu acides… ». En 1835, le prince achevait la construction d’un marani dans ce domaine.

Son fils, Alexandre Tchavtchavzdzé, à qui il avait transmis cette passion, avait entrepris de réaménager ce marani, dans l’année 1866, avec un étage construit de pierres et de briques, pour abriter des tonneaux et des jarres. Il y aurait eu là une centaine de jarres d’une contenance de 3000 à 4500 litres. La température qui y régnait, entre 8 et 12 degrés, aidait beaucoup à la fabrication du vin de Tsinandali, avec trois ans de bonification. Il possédait aussi l’une des plus belles œnothèques de Géorgie, avec 16 000 vins de différents pays, dont des bouteilles françaises.

Lorsque Alexandre a marié sa fille Nino au prince Alexandre Griboiedov, quelques mois avant qu’il ne soit assassiné, pour des raisons touchant à des intérêts qui le dépassaient, il y a eu une fête dans le palais familial. Il avait spécialement ouvert une jarre qu’il avait obturée 16 ans plus tôt, en prévision de ce mariage dont il ne pouvait évidemment pas prévoir la date. Le vin a été bu, il était délicieux et avait conservé toutes ses qualités. Il était si bon que les invités ont créé, à ce sujet, des poésies populaires qui se racontent encore aujourd’hui. » – Pascal Reigniez, Au pays de la vigne et du vin, la Géorgie.

C’est la première tentative de passer du régime féodal au capitalisme, ce qui a permis d’améliorer la qualité du vin. Les vins d’Aleksandre Chavchavadze étaient bien connus en Russie et appréciés en Europe également.

À partir des années 1880, les princes de l’Empire russe ont acheté de manière intensive des domaines géorgiens, environ 2000 hectares de terres dans le village de Tsinandali. Cela au détriment des nobles géorgiens. C’est le début de la production de masse. Une énorme usine à deux étages d’une capacité de 150000 seaux et un atelier de fabrication de tonneaux sont mis en place. En 1887, la modernisation se met en place avec de nouveaux équipements tel qu’un pressoir à raisin, une pompe à vin et de nouvelles cuves. En outre, les domaines princiers sont dotés de professionnels formés en Europe. En 1897, on y a même ouvert une école où les enfants apprenaient la viticulture, la vinification et le jardinage.

Dès 1880, on y produisait déjà des vins de très haute qualité comme le « Rkatsiteli Tsinandali №13 », le « Mtsvane Tsinandali №14 », le « Saperavi Tsinandali №16 » qui ont obtenu les meilleures notes à l’Exposition internationale de Chicago, en 1892. Le Tsinandali №1 est produit depuis 1886. Il est considéré comme un fleuron du vin géorgien. Il a participé à de nombreux concours et expositions et a remporté de très nombreuses médailles.

Le climat

Le climat de la microzone de Tsinandali est modérément humide, avec des étés chauds et des hivers doux. La durée annuelle d’ensoleillement est de plus de 2300 heures. La température moyenne annuelle est assez élevée, soit 12,4°C, avec des températures moyennes de 23,2°C en juillet et août, les mois les plus chauds, et de 0,90°C en janvier, le mois le plus froid. La période de végétation dure 208 jours, avec une somme de températures actives (supérieures à 10°C) de +3930°C. Les jours de grêle sont fréquents, avec une moyenne de 2,3 par an, principalement en mai et juin. L’humidité relative de l’air est d’environ 70%.

Les précipitations annuelles sont de 845 mm, dont 644 mm pendant la période de végétation, avec un maximum en mai (157 mm) et un minimum en janvier (28 mm). La microzone bénéficie d’un nombre de jours ensoleillés compris entre 52 et 82 par an, et de 36 à 55 jours pendant la période de végétation. Les vents dominants viennent de l’ouest et de l’est à une vitesse moyenne de 1,7 m/s. L’ouverture des bourgeons de vigne commence à la mi-avril et la maturité des raisins débute dans la seconde moitié du mois d’août.

Le sol

Dans l’AOP de Tsinandali, plusieurs variétés de sols ont été identifiées à la suite d’études menées en 2005. Les sols sont classés en fonction de leur localisation, de leur épaisseur, de leur composition et de leur teneur en leptosol. On trouve principalement : des sols bruns forestiers, très épais, modérément ou très leptosol, à forte teneur en argile; des sols bruns, très épais, parfois légèrement leptosol, limoneux et argileux; des sols bruns, modérément épais, légèrement leptosol, à forte teneur en argile; des sols de prairie-bruns, très épais, à forte teneur en argile ou limoneux et des sols de prairie-bruns, très épais, légèrement ou modérément leptosol, argileux. On trouve également des sols déluviaux-proluviaux, très épais, légèrement ou à forte teneur en argile, ainsi que des sols alluviaux-proluviaux, très épais, légèrement leptosol, argileux, des sols alluviaux, très épais, à forte teneur en argile et des sols alluviaux, très épais, durs, leptosol et argileux. La répartition de ces sols varie selon les villages et les parcelles de la microzone.

Les sols bruns, présents dans la partie supérieure de la microzone, ont un profil de profondeur moyenne à profonde, tandis que les sols alluviaux, alluviaux-proluviaux et déluviaux-proluviaux ont un profil plus profond et différentes formes de leptosol. L’épaisseur des sols varie de 70 à 100 cm pour les sols bruns, avec une couche d’humus actif de 30 à 50 cm, à 100-150 cm pour les autres types de sols, avec une couche d’humus actif de 40 à 50 cm. La composition mécanique des sols est principalement caractérisée par une teneur en argile moyenne à forte, avec quelques zones légèrement limoneuses. La teneur en humus est faible, variant de 1,0 à 2,5%, et la teneur en azote hydrolysé, en phosphore soluble et en potassium échangeable est faible. Les sols contiennent également des carbonates de calcium en petites et moyennes quantités (de 2,5 à 16%) et ont un pH en moyenne alcalin. La présence de carbonates de calcium, de leptosol, combinée aux facteurs climatiques, crée des conditions parfaites pour la production de vins de haute qualité.

Couleur et arômes du Tsinandali

Tsinandali №1 est un vin blanc sec en méthode européenne élaboré à partir du cépage Rkatsiteli. Il est permis d’utiliser environ 15 % de Kakhuri Mtsvane, dont la récolte a aussi lieu dans la même microzone.

De couleur paille pâle, le Tsinandali blanc a d’agréable arômes d’agrumes comme le citron et le pamplemousse sont courants, ainsi que des notes de pomme verte, de poire ou de pêche blanche. Attendez-vous aussi à des notes florales prononcées, souvent décrites comme de l’acacia, du chèvrefeuille ou même des fleurs blanches. Certains vins Tsinandali peuvent présenter de subtiles notes d’herbes, comme l’estragon ou la camomille. Une touche d’épices, comme le poivre blanc, peut ajouter de la complexité. Moyennement corsé, il possède une acidité rafraîchissante qui équilibre les saveurs fruitées.

Les propriétés chimiques du vin Tsinandali doivent correspondre aux éléments suivants :

• Teneur volumétrique en alcool de minimum 11 %
• Concentration en sucre de maximum 4 gr/l
• Acidité titrée de minimum 5 gr/l

À boire frais entre 6 et 8 °C.

Tsinandali rouge

Depuis 2023, l’appellation Tsinandali autorise l’utilisation du cépage Saperavi récolté dans la microzone pour faire du vin rouge. Pour certains, c’est une hérésie et pour d’autres, c’est une évolution. En-tout-cas, j’ai déjà vu une bouteille qui m’a tellement surpris que je n’ai pas encore pris l’opportunité de goûter. J’espère que j’aurai l’occasion prochainement.

Les propriétés chimiques du vin Tsinandali rouge doivent correspondre aux éléments suivants :

• Teneur volumétrique en alcool de minimum 11 % et de maximum 15%
• Concentration en sucre de maximum 4 gr/l
• Acidité titrée de minimum 5 gr/l

Ce vin n’est pas rare et vous pouvez le trouver facilement chez n’importe quel bon caviste à Tbilissi.

Avez-vous déjà goûté les vins géorgiens et notamment cette AOP ? Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.