Asureti | Elisabethtal | Ancienne colonie allemande

Écrit par Sébastien

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Asureti, qui se prononce Assouréti, est un ancien village « allemand » fondé en 1818 par les colons souabes venus du royaume de Bavière. Très peu touristique, il a besoin de vous pour se développer et garder ses belles demeurres debout. Non loin de ce village, vous avez l’une des plus belles randonnées de Géorgie qui vous conduira vers la forteresse de Birtvisi.

Temps de lecture estimé : 18 minutes

Histoire du village d’Asureti

Les Allemands ont commencé à immigrer dans l’Empire russe en 1763, lorsque l’impératrice Catherine II a invité les colons allemands à s’installer dans les vastes nouveaux territoires de l’empire. En 1804, son successeur Alexandre Ier a publié un autre décret, en vertu duquel les nouveaux colons devaient avoir une femme et des enfants et être soit viticulteurs, soit producteurs de soie.

Fondation d’Elizabethtal

À partir des années 1818, l’Empire russe encourage la migration de colons allemands (Souabes) vers la Géorgie dont une grande partie s’installe dans la banlieue de Tbilissi. Notamment dans le Nouveau Tiflis (actuellement une partie de l’avenue David Aghmashenebeli) et Alexanderdorf (actuellement l’avenue Akaki Tsereteli).

asureti Elizabethtal

La colonie allemande « Elizabethtal » a été créée pour les mêmes raisons. Le nom a été choisi d’après la princesse Louise de Bade, connue sous le nom d’Elizabeth Alexeievna après son mariage avec Alexandre Ier et sa conversion au christianisme orthodoxe.

Le gouvernement obligea les soldats géorgiens stationnés dans le Manglisi voisin à aider gracieusement les Allemands à construire leurs maisons. Les habitants des villages voisins apportèrent également des matériaux de construction avec des charrettes et aidèrent à labourer les terres agricoles. Le célèbre scientifique et voyageur allemand Moritz Wagner visita Elisabethtal lors de son voyage dans le Caucase entre 1843 et 1846. Il a écrit qu’il s’agissait de « petites maisons soignées et solides, dont l’intérieur était même meublé de façon accueillante avec un poêle en faïence, une horloge à pendule et des fauteuils en velours, tout était propre et confortable, comme chez nous en Forêt-Noire et sur le Neckar ».

Structure du village et moyens de subsistance des colons

Le village disposait d’une maison pour un pasteur et d’une autre pour un instituteur. En outre, Elisabethtal possédait divers ateliers et deux moulins à eau, l’un sur l’Asuretula et l’autre sur l’Algeti. Selon les archives du pasteur Martin Friedrich Schrenk (1833 – 1911), Albert Salzmann, un descendant des premiers colons de Neu-Tiflis, fut l’architecte de l’église. La nouvelle église a été consacrée de manière festive le 29 août 1871. Les habitants d’Elisabethtal vivaient de l’élevage, de l’apiculture et de l’arboriculture. La culture de la pomme de terre jouait également un rôle essentiel. L’élevage bien développé et la production de lait et de beurre pour la vente ont apporté la prospérité aux colons allemands. Comme c’était déjà le cas à Katharinenfeld (Bolnisi) à l’époque, des chariots couverts ont également été construits à Elisabethtal. La vente de ces charrettes à quatre roues, atypiques dans le Caucase, constituait une bonne source de revenus supplémentaires. En outre, les chariots étaient utilisés par les colons pour les travaux agricoles, le transport et les déplacements.

À la fin du XIXe siècle, Asureti était un village modèle et bien développé du point de vue de l’agriculture. Les Allemands créèrent d’importantes institutions sociales et culturelles, jouant un rôle majeur dans la vie socio-économique et culturelle de la population.

En 1857, 38 familles ont quitté Elisabethtal suite à des conflits religieux pour fonder le village Alexanderhilf (Actuellement Trialeti) près de Tsalka. On retrouve dans ce village une autre église luthérienne d’époque. D’autres familles allemandes d’Elisabethtal se sont installées dans le village de Kotishi près de Marabda.

Il convient de noter que l’Allemand Otto Schall a trouvé dans la forêt du village un cépage endémique qu’il cultiva. Le vin issu de cette variété de raisin s’appela « Shala » en son honneur. Il était vendu dans tout l’empire russe. Cet article n’existerait pas sans ce monsieur.

L’apogée et la répression de l’ère soviétique

Pendant la Première Guerre mondiale, plusieurs colonies allemandes ont été rebaptisées par le gouvernement et, en 1916, Elisabethtal est devenue « Asureti ». À l’époque soviétique, la ferme collective d’Elisabethtal était l’une des plus importantes de toute la Géorgie. Les bâtiments du village en témoignent encore aujourd’hui. Il y avait une école, des bains publics, un club, une centrale électrique, une cave à vin, un entrepôt de pommes de terre et un atelier de tracteurs. Asureti disposait même d’un petit parc public, appelé « jardin d’Eden », avec des arbres et des fleurs rares.

On estime que dans les années 1920, les 24 000 Allemands vivaient dans une vingtaine de villes de Géorgie. Malheureusement, en 1941, à la suite de l’opération Barbarossala, la quasi-totalité de la communauté, soit environ 20 000 personnes, fut déportée en Asie centrale, puis remplacée par des Géorgiens d’autres régions du pays. À cause de la guerre, les Allemands n’étaient plus populaires auprès des Géorgiens qui les traitaient de fascistes, se souvient Luiza, une descendante de cette immigration.

Jusqu’à aujourd’hui, l’histoire de la plupart des villageois reste inexplorée. Jusqu’à présent, seule l’histoire de l’instituteur d’Elisabethtal, Paul Bühl, a été largement documentée.

Les ancêtres allemands de Nadejda Allilouïeva, la femme de Joseph Staline, venaient de Elisabethtal.

Paul Bühl : La vie et l’œuvre d’un enseignant d’Elisabethtal

Né à Elisabethtal en 1878, il fut l’un des deux députés allemands à la première Assemblée nationale de la Géorgie indépendante. Il a suivi une formation d’enseignant au collège Saratov-Werner, dans la province de Bessarabie (dans l’actuelle Ukraine). À partir de 1897, il travaille comme professeur d’école publique à l’école allemande d’Elisabethtal. Avec Erich Bernstein, Paul Bühl a signé la déclaration d’indépendance du pays le 26 mai 1918. Le 12 mars 1919, il est élu député à l’Assemblée nationale de Géorgie, sur la liste du parti social-démocrate. Dans les années 1920, après l’invasion des bolcheviques, Bernstein quitte le pays, mais Bühl reste en Géorgie. Il est emprisonné, mais est rapidement libéré et reprend son travail à Elisabethtal. Pendant la répression soviétique de 1937 et 1938, il est à nouveau arrêté et, le 20 avril 1938, il est condamné à mort et fusillé le même jour.

Une promenade historique dans le village d’Asureti

Asureti est un tout petit village qui vaut une balade sur le retour de Meskhétie depuis Tsalka ou lors d’une journée vers Bolnisi.

Les rues et bâtiments historiques d’Elisabethtal sont encore bien préservés, avec plus de 160 maisons. En raison de leur grande valeur artistico-historique, les maisons du village peuvent être considérées comme l’un des plus beaux exemples de l’architecture allemande en Géorgie. Les habitants actuels d’Asureti ont conservé de nombreux outils agricoles, meubles, instruments de musique, photographies et peintures datant des premiers colons allemands.

SchwabenstraBe : avenue principale d’Asureti

Quand vous arrivez sur la place centrale, vous pouvez vous garer au niveau de la supérette et monter l’avenue principale à pied jusqu’à l’église. Commencez par le côté droit et revenez par le côté gauche, par exemple. De part et d’autre, vous verrez de nombreuses maisons de style allemand (Fachwerkhaus). Certaines sont habitées, mais il en reste quand même énormément à l’abandon, ce qui est assez triste vu l’importance historique de ce village.

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Raminashvilebis marani

En chemin, vous pouvez rendre visite à Tamar de Raminashvilebis marani qui sera ravie de vous montrer sa maison et sa cave à vin où elle produit le fameux Asuretuli shala. Vous pouvez lui acheter une bouteille et/ou prendre un thé dans le magnifique jardin au milieu de sa collection d’antiquités.

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Église luthérienne d’Assouréti

Un peu plus loin, toujours sur la rue des Souabes, vous avez la fameuse église luthérienne. À l’origine, il y avait une église plus petite à cet endroit, mais elle était devenue trop petite pour la congrégation grandissante. En 1868, les Allemands étaient devenus si forts économiquement qu’ils ont pu construire une nouvelle église avec leurs propres moyens financiers et un peu d’aide de l’État. Ils confièrent le projet à l’architecte Albert Salzmann (1833-1897). En 1871, la nouvelle église fut solennellement consacrée. Dans les années 1930, les bolcheviques ont transformé l’église en centre culturel et finalement en théâtre. Ils ont également démoli le clocher pointu et construit des salles de stockage supplémentaires. En 2019, l’église a été restaurée dans son état d’origine grâce à des fonds publics géorgiens. Elle a le statut de monument culturel géorgien.

Malheureusement, elle n’est pas en activité et l’intérieur est vide. Vous pouvez néanmoins monter dans la tour.

Cimetière & Bain de soufre d’Asureti

Au bout de la rue à gauche, vous avez le vieux cimetière allemand ouvert en 1818 et récemment restauré par l’église évangélique luthérienne.

Ses bords, ainsi que l’entrée, sont pavés de grès. Lors de la reconstruction du cimetière au début des années 2000, les 25 croix de fer et les pierres tombales en basalte qui s’y trouvaient ont été disposées en cercle. En 2019, le cimetière a été restauré au plus près de son état d’origine, grâce à des fonds publics géorgiens.

asureti cimetière

L’aura de mystère de ce cimetière vous donne l’impression d’être le héros d’un film sur le voyage dans le temps.

Vous pouvez aussi jeter un œil aux anciens bains de soufre et à la source en vous enfonçant sur le chemin, tout droit, après l’avenue principale.

En 1933, à l’époque soviétique, le village a été doté de bains, alimenté par de l’eau sulfureuse amenée de la forêt par un système de canalisations. L’eau était chauffée sur place dans le bain. Il s’agit d’un bâtiment à deux étages, dont l’intérieur est décoré de mosaïques. Le bain comprenait également une salle de lecture. Après l’effondrement de l’Union soviétique, le bâtiment est devenu propriété privée et reste malheureusement inutilisé jusqu’à aujourd’hui. Le bain a reçu le statut de monument culturel géorgien.

Station Bahnhof

Le clou du spectacle est la station Bahnhof fraîchement installée dans un bâtiment historique rénové en 2022 avec les fonds de l’Union Européenne. Ce restaurant propose de la bière allemande, des bretzels et une cuisine d’inspiration souabe. Je vous mets ci-dessous les deux plats principaux. L’un est constitué de cochon fumé, de légumes mariné et de croustillant bretzels tandis que l’autre est un mélange de porc et de pommes de terre fris et arrosés de pomme et d’oignon caramélisés. Vous arrosez le tout de bière ou d’Asuretuli shavi et vous avez le parfait dîner. Les plus chanceux auront droit au porcelet à la broche.

Autour d’Asureti

L’ancienne cave à vin d’Asureti

L’usine de vin a été conçue par des ingénieurs autrichiens et allemands pendant la période soviétique en 1931. Le projet de construction a ensuite été dirigé par l’ingénieur grec Ivan Muratidi. Le bâtiment de l’usine est construit en blocs de pierre soigneusement taillés. En raison de la pente du terrain, le bâtiment comporte deux étages sur le côté sud. Dans la cave, un tunnel voûté en pierre permettait de stocker le vin. Le toit élevé de la fabrique de vin est encore recouvert des tuiles d’origine et la cour est entourée d’un haut mur. Après des décennies d’abandon, le bâtiment est aujourd’hui en très mauvais état ; le toit s’est déjà effondré à plusieurs endroits. L’usine a reçu le statut de monument culturel géorgien.

Canyon et forteresse de Birtvisi

La forteresse de Birtvisi se trouve au coeur du parc national du Trialeti à une heure de Tbilissi. Au nord de la forteresse vous avez un petit canyon du même nom. Ce lieu est clairement la plus belle randonnée à faire autour de Tbilissi.

Birtvisi est essentiellement une forteresse rocheuse sécurisée par des murs et des tours, dont la plus importante connue sous le nom de Sheupovari (« Obstiné ») coiffe le rocher le plus haut de la région. Diverses structures annexes, dont un aqueduc, ont également été conservées.

Birtvisi forteresse

Dans les sources écrites, Birtvisi est mentionné pour la première fois comme une possession de l’émir arabe de Tiflis, dont il a été dépossédé par les nobles géorgiens Liparit, duc de Kldekari et Ivane Abazasdze en 1038. Dans la Géorgie médiévale, Birtvisi avait la réputation d’être une place-forte imprenable dont le maître pouvait contrôler toute la gorge stratégique d’Algeti. L’émir turco-mongol Tamerlan a notamment détruit la forteresse lors d’une de ses invasions de la Géorgie en 1403. Après la partition du Royaume de Géorgie au XVe siècle, Birtvisi se trouvait à l’intérieur des frontières du Royaume de Kartli et en possession des princes Baratashvili.

Vous pouvez accéder à la forteresse par le nord ou par le sud via une randonnée de quasiment la même distance, soit entre 7 et 10 kilomètres en fonction de l’itinéraire choisi. D’ailleurs, si vous ne souhaitez pas reprendre le même chemin, vous pouvez faire une boucle que je mets sur ma carte interactive.

Sur place il y a beaucoup de chose à voir et c’est assez impressionnant donc même si la randonnée peut paraître courte, il faut quand même compter 5 heures. Pour ma part, je prendrai la journée entière pour manger sur place et explorer un peu les différentes structures.

Forteresse d’Amlevi

La forteresse d’Amlevi date du XVIe siècle. C’est un château à quatre étages, construit en pierre avec du mortier qui possède des embrasures. Le chevauchement entre les étages est plat et en bois. L’inscription à l’intérieur de l’église remonte à 1683. Elle mentionne le représentant de Baratashvili, Papuna Gostashabishvili, qui a construit l’église, le clocher, un palais et plusieurs bâtiments agricoles, sous le règne de George XI.

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Photo de Georgian Travel Guide

Citadelle de Khuluti

La puissante citadelle de Khuluti a été construite sur les rives de la rivière Khrami au XVIIe siècle par Kaplan Orbeliani. Dans de nombreux documents, elle est qualifiée d’imprenable. Son but était de bloquer le passage à travers la gorge. Elle se compose de cinq tours de différentes hauteurs, servant de résidence et de protection. L’une d’entre elles surplombe la rivière, offrant une vue imprenable. On accède à la forteresse par plusieurs portes et par un tunnel secret qui grimpe à pic depuis la rivière. À l’intérieur, on retrouve un immense réservoir surmonté d’un toit et d’embrasures et un petit patio. Les locaux étaient chauffés par des cheminées et disposaient de toilettes. Des vestiges de planchers en bois ont été conservés.

Citadelle de Khuluti

On peut atteindre la citadelle via une piste de 16 kilomètres non asphaltée qui passera devant le Monastère de Pitareti.

Randonnée et tour exotique dans la région

Mon tour classique est décrit ci-dessus, néanmoins, je peux aussi vous construire un tour sur mesure qui correspondra davantage à vos attentes. Je peux modifier l’excursion classique ou créer une nouvelle journée pour voir des lieux d’exception comme la forteresse de Birtvisi, la ville médiévale de Samshvilde ou l’ancienne cave à vin d’Asureti. Prenez contact avec moi pour en discuter.

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