Pheasant’s tears a été fondé en 2007 par John Wurdeman et Gela Patalishvili. John est un peintre américain qui est venu pour la première fois en Géorgie en 1996. Gela est une viticultrice dont le lien familial avec le vin remonte à huit générations. Les deux personnes se sont rencontrées en 2005, alors que John peignait dans un vignoble, et ont décidé de travailler ensemble.
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L’histoire de Pheasant’s Tears
Le Chemin de John Wurdeman vers la Géorgie
John Wurdeman est né au Nouveau-Mexique et a grandi en Virginie. Son parcours artistique l’a conduit à étudier au Maryland Institute College of Art puis à l’Institut Surikov à Moscou. Pendant son séjour en Russie, il a développé un profond intérêt pour le chant polyphonique géorgien, ce qui l’a finalement amené à visiter la Géorgie en 1995. Captivé par la culture, les paysages et les traditions de la Géorgie, Wurdeman s’y est installé définitivement en 1998. Il s’est établi comme artiste à Tbilissi, peignant des scènes de la vie rurale géorgienne et s’immergeant dans les traditions musicales du pays.
Un jour en Kakhétie, il a accepté un emploi de peintre sur les clôtures d’un vignoble local lorsqu’il a été approché par Gela, un vigneron de la 7e génération, qui était convaincu que John était l’homme idéal pour faire connaître au monde le style traditionnel du vin géorgien. John était hésitant, mais Gela a persisté. Un jour après les vendanges, Gela a livré un camion de raisins fraîchement cueillis sur le palier de John. Regardez tout ce potentiel, s’écrie Gela ! Il a fallu du temps, mais John a fini par être conquis et, en 2005, Pheasant’s Tears était né. On dit que le vin est tellement bon qu’il peut faire pleurer même les faisans ! La raison pour laquelle les faisans boivent du vin n’est pas évidente…
L’Héritage Viticole de Gela Patalishvili
Gela Patalishvili est issu d’une famille aux racines profondes dans la vinification traditionnelle géorgienne. Ses ancêtres produisaient du vin dans la région de Kakhétie depuis des générations, utilisant l’ancienne méthode des qvevri—fermentation et vieillissement du vin dans de grandes jarres d’argile enterrées.
Gela a maintenu ces pratiques traditionnelles à une époque où de nombreux vignerons géorgiens adoptaient des méthodes plus modernes et européennes. Son engagement envers la vinification naturelle et les techniques traditionnelles a fait de lui un gardien du patrimoine viticole géorgien vieux de 8 000 ans.
Une Rencontre Décisive
L’histoire raconte qu’en 2005, John peignait un paysage de vignoble en Kakhétie lorsque Gela passa par là. Voyant John au travail, Gela l’invita à goûter son vin fait maison. Cette rencontre fortuite a déclenché une amitié et, finalement, un partenariat basé sur des valeurs partagées et des compétences complémentaires.
John, avec sa formation artistique et ses connexions internationales, a reconnu l’importance culturelle et historique de l’approche traditionnelle de vinification de Gela. Gela possédait les connaissances et les compétences générationnelles qui risquaient de se perdre à une époque de modernisation.
La Fondation de Pheasant’s Tears
En 2007, John et Gela ont officiellement créé le domaine Pheasant’s Tears à Sighnaghi, en Kakhétie. Le nom « Pheasant’s Tears » (Larmes de Faisan) provient d’un conte populaire géorgien selon lequel seul le meilleur vin est assez bon pour faire pleurer un faisan des larmes de joie.
Leur vision était claire : produire des vins qui honorent les anciennes traditions géorgiennes tout en les présentant à un public international. Ils se sont engagés à :
- Utiliser uniquement des cépages géorgiens indigènes (dont il existe plus de 500)
- Pratiquer l’agriculture biologique sans intrants chimiques
- Fermenter et vieillir tous les vins en qvevri
- Intervenir minimalement dans le processus de vinification
Croissance et Influence
Ce qui a commencé comme une petite entreprise a rapidement gagné une reconnaissance internationale. Alors que l’intérêt pour les vins naturels et les techniques anciennes de vinification s’est développé mondialement à la fin des années 2000 et dans les années 2010, Pheasant’s Tears s’est retrouvé à l’avant-garde d’un mouvement.
Le domaine s’est étendu pour inclure des vignobles dans différentes régions géorgiennes, travaillant avec divers cépages indigènes dont le Rkatsiteli, le Mtsvane, le Chinuri, le Tavkveri et le Saperavi. Ils ont également ouvert un restaurant à Sighnaghi qui met en valeur la cuisine géorgienne traditionnelle aux côtés de leurs vins.
John a eu un impact indélébile sur la protection et la promotion du vin géorgien : outre Pheasant’s Tears, il a fondé en 2010 le premier bar à vins naturels de Tbilissi, Vino Underground, et a participé à la création de l’Association des vins naturels du pays.
Au-delà du Vin
Le partenariat entre John et Gela a évolué au-delà de la simple production de vin. Leur travail est devenu un projet de préservation culturelle qui englobe :
- La recherche et la renaissance de cépages géorgiens oubliés
- La documentation des pratiques agricoles traditionnelles
- Le soutien aux agriculteurs et artisans locaux
- La promotion de la culture culinaire géorgienne et de la musique polyphonique
- La création d’une expérience immersive pour les visiteurs qui relie le vin au patrimoine culturel plus large de la Géorgie
Défis et Succès
Le parcours n’a pas été sans défis. Le domaine a fait face au scepticisme tant des locaux (qui considéraient parfois leurs méthodes comme inutilement laborieuses) que des marchés internationaux (peu familiers avec les vins géorgiens). Ils ont également dû naviguer dans les tensions politiques entre la Géorgie et la Russie qui ont affecté les marchés d’exportation.
Malgré ces obstacles, Pheasant’s Tears a connu un succès remarquable. Leurs vins sont maintenant exportés dans plus de 30 pays et ont été présentés dans des publications majeures et sur les cartes des vins de restaurants prestigieux à travers le monde. Ils ont contribué à mettre le vin géorgien sur la carte mondiale et ont inspiré une nouvelle génération de vignerons en Géorgie à embrasser leur patrimoine.
Héritage et Impact Continu
Aujourd’hui, Pheasant’s Tears témoigne de la collaboration interculturelle et de la valeur de la préservation des connaissances traditionnelles. John et Gela ont démontré qu’honorer les pratiques anciennes ne signifie pas rejeter le progrès—cela peut réellement stimuler l’innovation et créer des produits durables et distinctifs qui résonnent dans un monde globalisé.
Leur travail a contribué de manière significative à une renaissance de la vinification géorgienne et a aidé à renforcer l’identité culturelle du pays et son industrie touristique. Plus important encore, ils ont assuré que les connaissances et traditions transmises à travers d’innombrables générations continuent de prospérer dans le futur.
Pheasant’s tears est né de l’amour de la tradition authentique, de la culture et de la créativité sans fin. C’est plus qu’un vignoble, c’est une affaire de chansons, de cuisine, d’art, de patrimoine, matériel et immatériel. Car le vin naît de la confluence de l’esprit d’un lieu, de sa géologie, de son histoire et des émotions du vigneron lui-même. Au final, un dialogue entre la nature et l’homme, une tension fine entre le respect du passé et la création d’une nouvelle expérience pour demain. Les traditions sont ici considérées comme l’âme nourricière de l’improvisation et de l’évolution respectueuse.’
Cofondateur de Pheasant’s tears, John Wurdeman
Le vignoble de Pheasant’s Tears
Le vignoble est planté au cœur de la microzone Tibaani sur des sols calcaires et crayeux des pentes de la province de Kiziki. Il surplombe la vallée d’Alazani et les montagnes enneigées du Caucase. Cette région bénéficie d’un ensoleillement pouvant atteindre 14 heures par jour. Les soirées sont rafraîchies par la brise de la gorge, ce qui crée un microclimat unique.
Le restaurant Pheasant’s Tears à Sighnaghi

Le restaurant Pheasant’s Tears est géré par Gia Rokashvili, qui se rend chaque jour au marché fermier pour acheter les ingrédients du menu du jour auprès d’agriculteurs locaux de confiance. Ses recettes sont basées sur un concept simple : sélectionner d’excellents ingrédients pour créer des plats qui reflètent non pas le menu standard des restaurants, mais les repas que les Géorgiens mangent habituellement chez eux. Cependant, Gia apprécie également les cuisines du monde entier et aime varier sa cuisine, changeant le menu du Pheasant’s Tears en fonction de son humeur du jour.
Lors de mon dernier passage en mai 2022, j’ai pu goûter d’excellentes pleurotes sauvages rissolées avec de l’estragon. Avec un petit blanc, ça passe tout seul. Le menu comporte moins d’une dizaine de position ce qui prouve que nous sommes sur une cuisine d’auteur. En 2024, les prix avaient doublés ce qui est tout de suite moins intéressant et complètement démesuré…
Les vins de Pheasant’s Tears
J’ai pu découvrir ce producteur directement dans son restaurant lors de mon premier voyage à Sighnaghi. Je peux dire sans hésiter que ces vins sont 100 % bio et que par conséquent, il faut connaître ce type de vin pour pleinement l’apprécier.

Quinta 2021
Pheasant’s Tears produit le Quinta 2021 dans la région de Kartli, autrefois site prestigieux des vignobles royaux de Géorgie orientale, mais qui fut reconvertie en vergers durant l’ère soviétique en raison de ses sols considérés comme pauvres. Ce vin témoigne d’un véritable travail de renaissance viticole, utilisant un assemblage unique de cépages rares sauvés de l’extinction comme le Goruli Mtsvane et le Chnuri (blancs), ainsi que le Danakharuli, le Shavkapito et le Tavkveri (rouges légers). Son nom « Quinta » fait référence aux intervalles de cinquième non tempérées si caractéristiques des chants polyphoniques géorgiens que John Wurdeman venait initialement collecter en Géorgie. Élaboré à partir de vignes coplantées dans les sols de grès et d’argile grise du village de Mukhrani, ce vin bénéficie d’une macération d’un jour sur peaux suivie d’un vieillissement prolongé de 24 mois en acier inoxydable, préservant ainsi l’expression pure de ces cépages cultivés, récoltés et vinifiés ensemble.
Soif da Vsvam 2022
Le Soif da Vsvam 2022 représente l’aboutissement du projet « Meskheti », une exploration audacieuse des terroirs exceptionnels de cette région méridionale de la Géorgie. Ce vin remarquable est issu d’un assemblage complexe de 16 variétés indigènes anciennes, dominé par le Khikhvi, le Meskhuri Mtsvane et l’Akhaltsikhuri Tetra, complétés par des cépages rares comme le Bezhano, le Tskhinis Dzudzu, le Kharistvala et le Chitis Bude. Cultivé à 1000 mètres d’altitude dans le village de Khirtvisa, sur des terrasses surplombant la rivière Mtkvari, ce vin tire sa minéralité distinctive et sa qualité aérienne des sols volcaniques riches en basalte rose et noir. Le processus d’élaboration, impliquant un égrappage suivi d’une macération d’une semaine et d’un vieillissement de 9 mois en acier inoxydable, permet de capturer l’essence pure de ce terroir volcanique d’altitude unique en Géorgie.
Poliphonia 2022
Le Poliphonia 2022 de Pheasant’s Tears représente une initiative exceptionnelle de préservation du patrimoine viticole géorgien, née d’une collaboration avec le ministère de l’agriculture qui a confié au domaine une collection de plus de 150 cépages indigènes. Ce vin unique est issu d’une parcelle située dans le village de Tibaani, où une multitude de variétés aux couleurs variées – jaunes, vertes, roses, rouges, violettes et bleues – sont coplantées sur des sols de grès et de quartz. Cette collection vivante comprend 117 variétés géorgiennes déjà identifiées et 40 autres encore en cours d’étude, constituant ainsi un véritable conservatoire de la biodiversité viticole du pays. Élaboré par pressurage direct en qvevri suivi d’un soutirage en acier inoxydable après six mois et d’un vieillissement d’un an avant mise en bouteille, ce vin révèle une personnalité complexe aux notes d’agrumes et de notes sauvages, avec une structure tannique rappelant celle du thé.
Vardisperi Rkatsiteli 2022
Le Vardisperi Rkatsiteli 2022 est élaboré dans l’appellation Tibaani, l’une des rares AOC dédiée au vin orange, qui exige l’utilisation d’au moins 80% de Rkatsiteli avec six mois de macération. Pheasant’s Tears, pionnier dans la mise en valeur de cette rare mutation du Rkatsiteli, a dû adapter sa vinification en 2022 en raison d’une particularité climatique : les peaux des raisins ayant été légèrement brûlées par le soleil dans ce terroir semi-désertique (chaud et sec le jour, frais et venteux la nuit), John Wurdeman a opté pour un pressurage direct en qvevri plutôt que pour la macération pelliculaire habituelle. Ce vin, issu à 100% du Vardisperi Rkatsiteli cultivé sur les sols de grès et de quartz du village de Tibaani, a ensuite été soutiré en acier inoxydable après six mois, puis vieilli pendant une année supplémentaire avant sa mise en bouteille, permettant ainsi d’exprimer la pureté de ce cépage mutant dans des conditions exceptionnelles.
Où déguster les vins de Pheasant’s Tears ?
À la propriété bien sûr au nord du village de Tibaani ou au restaurant à l’adresse : rue Baratashvili, Sighnaghi, Géorgie.
Ce producteur est assez connu donc vous pouvez le trouver facilement à Tbilissi dans n’importe quel bon caviste.
Avez-vous dégusté les vins de ce producteur ? Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.
Belle collection, sympa le nouveau design.