Pour accompagner un voyage en Géorgie, une liste de lecture bien choisie permet d’enrichir l’expérience en offrant des clés culturelles, historiques et humaines. On y trouve d’abord des récits littéraires et des épopées fondatrices de la culture géorgienne. Les passionnés d’histoire apprécieront La clé du Caucase de Pierre Razoux, ou encore À la conquête du Caucase d’Eric Hoesli pour mieux comprendre les tensions contemporaines. Pour les amateurs de vin et de gastronomie, mon guide des vins de Géorgie et À la découverte des vins géorgiens de Christophe Lavelle sont incontournables. Enfin, pour une approche plus visuelle et pratique, les guides Lonely Planet, Petit Futé 2025 et le Guide 3en1 permettent de planifier efficacement tout en s’imprégnant des paysages et itinéraires. Cette sélection variée tisse un pont entre savoir, plaisir et exploration, idéale pour préparer ou prolonger son voyage dans ce pays au carrefour de l’Europe et de l’Asie.
Temps de lecture estimé : 26 minutes
Histoire & Géopolitique
Histoire de la Géorgie : La clé du Caucase de Pierre Razoux
Pierre Razoux offre dans ce livre une fresque historique dense, retraçant comment ce petit pays a tour à tour résisté aux empires perse, byzantin, mongol et ottoman avant de tomber sous la coupe des tsars russes après la mort de la reine Thamar au XIIᵉ siècle. Enclavée au cœur du Caucase, la Géorgie conserve des « réflexes claniques » qui la rendent à la fois attachante et explosive, et s’impose aujourd’hui comme un territoire stratégique, riche en oléoducs et gazoducs, dont les enjeux ont été brutalement rappelés par la guerre russo‑géorgienne de l’été 2008.
Spécialiste des questions internationales et chercheur au Collège de défense de l’OTAN à Rome, Razoux conjugue rigueur académique et plume vivante pour rendre accessibles les enjeux géopolitiques et culturels de la Géorgie. L’ouvrage se compose d’une première partie consacrée à l’histoire médiévale et impériale, suivie d’un second volet sur la détresse post‑soviétique et les conflits contemporains, offrant ainsi aux lecteurs une vision complète et nuancée du « carrefour » caucasien.
À la conquête du Caucase d’Eric Hoesli
Eric Hoesli plonge le lecteur au cœur d’un « carrefour dangereux », où le Caucase, frontière naturelle entre l’Europe, l’Asie et le Moyen‑Orient, se révèle comme l’un des terrains géopolitiques les plus disputés. À travers une fresque couvrant deux siècles, il retrace l’expansion russe, les intrigues du « Grand Jeu » entre Londres et Saint‑Pétersbourg, les tentatives allemandes et la bataille pour le contrôle du pétrole, tout en décrivant les conflits contemporains (Tchétchénie, Nagorny Karabakh, Abkhazie, Ossétie du Sud) et la montée des courants islamistes et du grand banditisme dans la région.

Privilégiant le récit vivant à la simple synthèse, Hoesli s’appuie sur des sources inédites et des témoignages rarement exploités : espions britanniques, imams montagnards, agents de Staline ou pionniers du pétrole deviennent autant de protagonistes d’une épopée souvent tragique. Ses six « tableaux » successifs offrent une vision dynamique et rigoureuse des enjeux passés et actuels, donnant au lecteur les clés pour comprendre pourquoi le Caucase reste, aujourd’hui encore, un véritable champ de bataille d’influences.
Voyage au Caucase d’Alexandre Dumas
Le « Voyage au Caucase » d’Alexandre Dumas, écrit en 1858–1859 directement pendant son périple, retrace son itinéraire depuis Paris jusqu’à Saint-Pétersbourg et Moscou, puis le long de la mer Caspienne jusqu’à Bakou et Tiflis. Rédigé sur le vif, le texte se distingue par son ton pittoresque et animé : Dumas évoque les paysages contrastés, les relais de poste rudimentaires et l’hospitalité de ses hôtes, tout en partageant anecdotes et impressions – de la cérémonie d’adoubement autour d’un dîner à Tiflis aux prouesses équestres des Tatars.
Au fil de quatre mois éprouvants, il offre un tableau saisissant des tensions du Caucase : affrontements entre forces russes et bandits tchétchènes, rapt et pillage comme « fonds de commerce » des montagnards, mais aussi généreuse fraternité géorgienne et beauté des femmes locales. Les conditions climatiques rigoureuses et l’état des routes donnent au récit une dimension épique, tandis que ses rencontres avec seigneurs et diplomates (dont le baron Finot, consul de France à Tiflis) enrichissent cette fresque humaine et historique, qui inspirera ensuite plusieurs de ses œuvres de fiction.
Carte routière de la Géorgie
La carte routière de la Géorgie se structure autour de plusieurs grands axes qui relient la capitale, Tbilissi, aux principales régions du pays. L’autoroute E60, la plus importante, traverse la Géorgie d’est en ouest, reliant Tbilissi à Koutaïssi, puis à Zougdidi et jusqu’à la frontière avec l’Abkhazie. Cet axe constitue la colonne vertébrale du réseau routier national. Vers le sud-ouest, la route S1 mène à Batoumi, via Khashuri et Akhaltsikhé, traversant les montagnes de Samtskhé-Djavakhétie. Un autre axe majeur est la S3, aussi appelée la route militaire géorgienne, qui relie Tbilissi à la Russie via le col de la Croix, en passant par Mtskheta et Stepantsminda.

Malgré des progrès notables dans la modernisation du réseau, de nombreuses routes secondaires restent sinueuses, étroites ou mal entretenues, notamment dans les zones montagneuses comme la Svanétie, le Ratcha ou la Kakhétie orientale. L’accès à certains villages reculés peut nécessiter un véhicule 4×4, en particulier en hiver ou en période de fortes pluies. Toutefois, le gouvernement poursuit des projets d’infrastructure ambitieux, comme l’élargissement de la E60 ou la création de nouvelles voies express. En résumé, la carte routière géorgienne reflète à la fois la diversité géographique du pays et son développement rapide, tout en conservant des zones encore difficiles d’accès, idéales pour les voyageurs en quête d’aventure.
Si vous aimez les cartes routières en papier, voici à mon avis les deux meilleurs.
Carte pliable de Ountravela
Cette carte pliable au format A2 (59,4 × 42 cm) (dépliée, se replie pour tenir dans une poche de 21 × 10 cm), propose une vision claire du réseau touristique géorgien. Elle présente les axes routiers principaux et secondaires, les cols de montagne, ainsi que les 24 pistes (routes recommandées) du guide Explore Géorgie. Plus de 80 points d’intérêt touristique (villes, sites historiques, parcs, etc.) sont également signalés. Sa mise à l’échelle 1 :1 000 000 permet une lecture équilibrée des distances. Imprimée sur du polyart résistant à l’eau et indéchirable, elle est conçue pour un usage terrain durable, mais ce n’est pas une carte topographique.
Au verso figure un lexique français-géorgien complet (plus de 200 mots et expressions utiles), idéal pour les voyageurs francophones souhaitant communiquer. Les termes couvrent des domaines variés comme les transports, l’hébergement, la nourriture, et quelques expressions culturelles pratiques. Ce mini‑guide bilingue facilite les rencontres avec les habitants et l’orientation lors de vos déplacements.
Guide d’aventure | Les 24 plus belles pistes 4×4, van, moto et vélo

Mon partenaire propose aussi un guide des plus belles pistes de Géorgie.
En résumé, vous avez dans ces 384 pages couleurs :
- Un outil pour voyager de manière autonome en 4×4, mini van, moto ou vélo
- Un recueil de 70 cartes
- Un guide culturel complet avec 80 sites touristiques
- Un guide pratique avec de nombreux conseils
Carte routière de Reise Know‑How Verlag
La carte routière « Georgia 1 : 350 000 » de Reise Know‑How Verlag, issue de la série World Mapping Project, est imprimée sur un papier plastique ultra-résistant, 100 % déchirable et étanche, tout en restant « écrivable » au crayon comme un papier classique. Dépliée, elle mesure 70 × 100 cm et se replie dans une pochette cartonnée amovible de format compact (12,1 × 26,1 cm), parfaite pour tenir dans une poche ou un sac de voyage. Cette 8e édition (2024) combine robustesse et légèreté (environ 86 g), éliminant le besoin d’une housse de protection supplémentaire.
Le verso et le recto offrent une vision claire du réseau routier classifié (autoroutes, routes nationales et secondaires), avec distances kilométriques, repères GPS et grille de coordonnées (latitude/longitude). Le relief est rendu non par ombrage mais par couches de couleur et lignes de niveau chiffrées, facilitant la lecture des vallées et des cols. Plus de 400 points d’intérêt (sites historiques, parcs nationaux, curiosités) sont signalés, accompagnés d’un index détaillé et d’une légende pentalangue (DE/EN/FR/ES/RU). Un plan de Tbilissi et la graphie géorgienne des villes majeures complètent l’ensemble, tandis qu’une carte d’ensemble du Caucase figure sur la couverture.
J’ai 2 voyageurs qui sont venue avec cette carte et je l’ai trouvé très bien faites, donc je vous la partage.
Guide de voyage sur la Géorgie
Les guides de voyage sur la Géorgie sont rares et rarement complet comparé à mon blog. Néanmoins, ils peuvent être un outil pratique pour ceux qui aiment avoir un version papier dans les mains. Je vous propose 3 options que je classe par ordre de préférence.
Géorgie (guide 3en1)

Le guide Géorgie 3 en 1 : guide, atlas, carte laminée de Anna et Marcin Szymczak (collection Explore! guide, ExpressMap, paru en avril 2025, 359 pages) est un compagnon de voyage particulièrement complet et pratique pour découvrir la Géorgie dans tous ses aspects culturels, historiques, naturels et culinaires. Le livre combine un guide détaillé divisé en chapitres clairs couvrant l’ensemble des régions géorgiennes (Tbilissi, Batoumi, Svanétie, Kakhétie, Ouplistsikhé, Vardzia…), des informations pratiques (hébergements, transports, horaires, prix, climat, conseils locaux), un atlas de cartes thématiques en couleurs à l’échelle de 1 :450 000, et une carte détachable laminée — idéale sur le terrain. Les auteurs proposent des itinéraires pédestres et en voiture (randonnées vers les glaciers d’Ouchba, ascension du Kazbek, circuits autour de Bordjomi ou Omalo…) accompagnés de profils d’altitude, ainsi que des encadrés culturels sur la cuisine locale (khinkali, khatchapouri), les traditions, les fêtes et l’hospitalité géorgienne légendaire. Le tout est présenté dans une mise en page intuitive et colorée, facilitant la navigation rapide et la planification sur le vif, ce qui en fait un ouvrage très apprécié des voyageurs souhaitant explorer la Géorgie de manière autonome et enrichie.
Petit Futé 2025
Le Guide Géorgie 2025 du Petit Futé est un ouvrage pratique, complet et actualisé, pensé pour les voyageurs francophones souhaitant découvrir la Géorgie sous toutes ses facettes. Alliant conseils culturels, historiques et logistiques, il couvre aussi bien les grandes villes comme Tbilissi, Batoumi ou Koutaïssi que les régions plus reculées telles que la Svanétie, la Touchétie ou le Kakhétie viticole. Richement illustré, le guide propose une sélection rigoureuse d’adresses (hébergements, restaurants, bars, artisans, sites naturels), adaptées à tous les budgets, avec des pictogrammes utiles, cartes détaillées et itinéraires conseillés. Des encadrés thématiques apportent un éclairage pertinent sur des sujets comme la gastronomie locale (khatchapuri, khinkali, vins qvevri), les minorités ethniques ou les traditions religieuses. Mis à jour pour l’année 2025, il tient compte des dernières infrastructures touristiques, des évolutions géopolitiques et des nouvelles tendances de voyage (écotourisme, randonnées, immersion). C’est un compagnon de route fiable, à la fois synthétique, facile à utiliser sur le terrain et enrichi d’un ton vivant et accessible.
Lonely planet 2e édition
Le guide Lonely Planet Géorgie, Arménie & Azerbaïdjan (2ᵉ édition, paru en juillet 2024) est un compagnon complet et richement illustré de 290 pages, idéal pour découvrir les trois républiques du Caucase du Sud. Pensé pour tous types de voyageurs, il propose une organisation claire par pays et régions, avec des itinéraires détaillés allant des grandes villes—Tbilissi, Bakou, Erevan—jusqu’aux vallées montagneuses reculées comme la Svanétie, Touchétie ou les monastères isolés d’Arménie (Dilijan, Sevan, Tatev) ainsi que les sites naturels de l’Azerbaïdjan (Sheki, Quba, les volcans de boue, le parc Shahdag). Chaque section inclut des conseils pratiques (hébergement, transports, sécurité, budget, respect local, voyage durable), plus de 65 cartes couleur, des encadrés culturels (cuisine, traditions, langues), des suggestions de randonnées accessibles mais spectaculaires, ainsi qu’une section top expériences pour vivre des moments authentiques loin des sentiers battus. C’est un guide moderne, très visuel, à jour avec les dernières ouvertures post‑COVID, pensé pour la planification multi‑pays ou itinérante : en une lecture on peut construire facilement un voyage sur mesure, qu’on soit amateur de patrimoine médiéval, d’aventure en montagne ou de rencontres culturelles.
Poésie & contes géorgiens
Le Chevalier à la peau de panthère de Shota Rustaveli
« Le Chevalier à la peau de panthère » est le plus grand poème épique de la littérature géorgienne, écrit au début du XIIᵉ siècle par Shota Rustaveli. Il raconte l’odyssée du jeune chevalier Tariel, dont la peau, autrefois recouverte de tâches semblables à celles d’une panthère, symbolise son destin exceptionnel. À la cour du roi Rostévane, Tariel tombe amoureux de la princesse Nestan-Darejan, promise à un autre, et se lance dans une suite d’aventures chevaleresques : combats contre brigands et démons, quêtes initiatiques et défis de loyauté. À travers le périple de Tariel et de son compagnon Avtandil, Rustaveli tisse un récit où se mêlent amour courtois, valeurs chevaleresques et allégories mystiques, le tout servi par un vers puissant et mélodieux.
Au‑delà de son intrigue captivante, « Le Chevalier à la peau de panthère » se distingue par sa profondeur philosophique et son humanisme : Rustaveli y célèbre la bravoure, la fidélité, la générosité et la quête de la vérité comme des vertus universelles. L’œuvre offre également un précieux portrait de la Géorgie médiévale, entre influences byzantines, persanes et orientales, et reflète les tensions politiques et religieuses de son temps. Véritable trésor patrimonial, ce poème a façonné l’identité culturelle du pays et demeure un pilier de l’héritage littéraire caucasien.
Contes géorgiens : Natsarkékia
« Contes géorgiens : Natsarkékia », choisis et adaptés par Kéthévane Davrichewy et magnifiquement illustrés au pochoir par Olivier Matouk, rassemble une série de récits traditionnels géorgiens publiés par L’École des Loisirs en 2008. Au cœur du recueil, l’histoire-titre met en scène Natsarkékia, un orphelin chassé du foyer familial, contraint d’affronter un géant redoutable par la seule force de sa malice et de son courage. À ses côtés, d’autres contes narrent les péripéties d’une pêcheuse dont le vœu de devenir princesse se heurte à un sacrifice déchirant, ou d’un rêveur dont le songe fabuleux pousse quiconque l’entend à sombrer dans la folie.

Chaque conte commence par la formule énigmatique « Il était une fois… mais qui peut le savoir ? », conférant aux récits une dimension onirique et intemporelle. Les textes, ancrés dans un monde paysan, exaltent des thèmes universels — l’amour, la jalousie, la ruse — tout en restituant l’atmosphère mystique du folklore caucasien. Les illustrations, s’inspirant des traditions slaves, renforcent cette ambiance fantasmagorique, tandis que l’écriture classique offre à ces légendes une portée et une résonance capables de toucher lecteurs jeunesse et adultes.
Romans sur la Géorgie
La huitième vie de Nino Haratischvili
« La huitième vie (pour Brilka) » est une saga familiale monumentale structurée en huit volets générationnels qui suivent la destinée de la famille Iachi, de la Russie impériale à l’Allemagne contemporaine. De Stasia, jeune fille géorgienne promise à un officier avant la révolution bolchévique, jusqu’à Niza, son arrière‑petite‑fille réfugiée à Berlin, chaque chapitre porte le prénom d’un protagoniste central et dévoile la manière dont les drames personnels s’entrelacent aux bouleversements historiques (guerre civile russe, stalinisme, exil).
Au cœur du roman, la voix de Niza s’adresse à sa nièce Brilka, donnant à la huitième partie une dimension inachevée et ouverte, symbole de l’avenir encore à écrire. Par ce jeu de récits enchâssés et de retours en arrière, Haratischwili explore les thèmes de l’identité, de la fidélité aux racines et de la mémoire collective, dans une langue foisonnante saluée par la critique – l’œuvre a notamment reçu le prix Anna Seghers et le Literaturpreis des Kulturkreises der deutschen Wirtschaft.
Ali et Nino de Kurban Said
« Ali et Nino » de Kurban Said est un roman d’amour et de contrastes culturels, écrit à la fin des années 1930 et situé à Bakou pendant et après la Première Guerre mondiale. Ali Khan Shirvanshir, jeune aristocrate azerbaïdjanais musulman, et Nino Kipiani, princesse géorgienne chrétienne, défient les conventions familiales et religieuses en s’aimant malgré la montée des nationalismes. Le récit suit leurs fiançailles, l’enlèvement de Nino par un ami d’Ali, leur réconciliation et leur vie recluse dans les montagnes du Daghestan, peinte comme une idylle fragile face aux bouleversements politiques
Au‑delà d’une simple histoire d’amour, le roman explore les dilemmes liés à l’imprégnation « européenne » et les traditions « orientales », ainsi que les choix individuels face à la guerre et aux loyautés familiales. Considéré comme un « Roméo et Juliette oriental », il célèbre la tolérance et la force des sentiments dans un contexte de conflits ethniques et religieux, tout en offrant un témoignage vivant sur la société caucasienne d’alors. Redécouvert dans l’après‑guerre, il est aujourd’hui considéré comme un classique et un véritable symbole de l’identité et de l’harmonie culturelle de la région.
La Baignoire de Staline de Renaud S. Lyautey
Dans un Tbilissi contemporain secoué par les tensions régionales, un jeune professeur français est découvert mort dans une chambre de l’hôtel Marriott, déclenchant une enquête à haut risque. L’ambassade de France dépêche sur place René Turpin, son conseiller diplomatique, pour collaborer avec l’inspecteur géorgien Nougo Shenguelia. Le duo s’engage dans un récit qui oscille entre enquête policière et thriller diplomatique : traque de reliques soviétiques, influences de l’espionnage international, et trafic d’objets – comme la baignoire de Staline retrouvée dans la ville thermale de Tskaltoubo – tissant une intrigue dense où chaque découverte ébranle le récit officiel.

Au-delà du polar, Lyautey — ancien ambassadeur en Géorgie — déploie une peinture réaliste et attachante du pays : paysages caucasiens grandioses, cuisine généreuse, mémoire des conflits et impact de la guerre froide sur les sociétés géorgiennes. Ses descriptions dévoilent l’histoire, l’espionnage et la diplomatie avec finesse, faisant du roman à la fois un hommage à la Géorgie et une réflexion sur les objets du passé (comme cette fameuse baignoire), la mémoire collective et les tensions entre puissances.
Comprendre les vins géorgiens
Mon guide des vins de Géorgie
Ce guide unique en français sur les vins géorgiens, fruit de quatre années de recherche passionnée, constitue une ressource incontournable pour les œnophiles désireux de découvrir ce patrimoine viticole exceptionnel. Mon ouvrage propose une exploration complète incluant les cépages autochtones, les terroirs et appellations, les portraits de vignerons, ainsi qu’un voyage historique dans la viticulture géorgienne millénaire et ses traditions ancestrales. Au-delà de l’aspect informatif, l’auteur y développe une approche pédagogique pour initier les novices aux spécificités des vins géorgiens tout en questionnant l’intérêt croissant pour cette production. Conçu comme un projet évolutif face au dynamisme du secteur viticole géorgien, ce guide dans sa troisième édition offre une synthèse suffisamment exhaustive pour accompagner les passionnés pendant plusieurs années.
A la découverte des vins géorgiens: Un regard culturel et scientifique de Christophe Lavelle
Le livre À la découverte des vins géorgiens : un regard culturel et scientifique de Christophe Lavelle (collection Le Savoir Boire, Éditions Apogée, octobre 2023, 173 pages) offre une plongée érudite et accessible dans l’univers viticole géorgien. Spécialiste en alimentation au CNRS et Muséum national d’Histoire naturelle, Lavelle accompagne le lecteur à travers 8 000 ans d’histoire, dévoilant les cinq cents cépages autochtones ainsi que la vinification ancestrale en kvevri — ces gigantesques jarres en terre cuite enterrées, patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2013. Avec rigueur scientifique et un style parfois empreint d’humour, il décortique la place centrale du vin dans la culture géorgienne, marquée par une viticulture familiale diffuse ou plus moderne, et décrit la naissance contemporaine d’un renouveau viticole post‑soviétique. L’ouvrage mêle aspects techniques (cépages, terroirs, méthodes de fermentation), culturels (rituels des supras, accords mets‑vins) et ethnologiques, tout en corrigeant l’image réductrice du « vin en kvevri » comme unique identité nationale. Au final, ce petit guide richement documenté se distingue par sa clarté, sa précision et son ton vivant : une lecture passionnante aussi bien pour les connaisseurs que pour les novices curieux du « véritable berceau du vin ».
Gastronomie & cuisine géorgienne
Malheureusement, il n’y a pas de livre de cuisine en français digne de la cuisine géorgienne. En attendant que je l’édite, je vous propose 2 options.
Cuisine soviétique : Le livre de la nourriture bonne et saine
Le livre Cuisine soviétique : Le livre de la nourriture bonne et saine (auteur collectif via l’Institut de Nutrition de l’URSS, traduit en français par Guélia Pevzner, éditions de l’Épure, 2024/25) est un ouvrage emblématique, publié pour la première fois en 1939 puis réédité jusqu’en 1999, et diffusé à plus de 8 millions d’exemplaires à l’époque soviétique. Présenté au départ comme un manuel culinaire progressiste pour « la femme soviétique moderne », il glorifiait l’industrie agro-alimentaire du régime, débutant souvent ses éditions par une citation de Staline. Toutefois, derrière l’apparente abondance et les recettes luxueuses (esturgeon en gelée, caviar, drink festifs), se cachent des dissonances : des recettes inaccessibles aux ménages ordinaires, l’absence de nombreux ingrédients ou appareils électroménagers, et un silence total sur les famines ou le Goulag.
Aujourd’hui réédité en version commentée, ce livre est à la fois un recueil culinaire historique et un témoignage critique sur une époque. Il révèle comment la cuisine fut instrumentalisée pour diffuser une idéologie, tout en exposant les réalités domestiques, les rationnements constants et le travail domestique pénible . Ce volume sert donc de miroir du régime stalinien : un outil de propagande ambitieux, mais qui, malgré lui, dévoile l’histoire sociale de l’URSS. Il demeure une référence fascinante pour les amateurs d’histoire, d’alimentation et de mémoire culturelle, cherché par les collectionneurs et les historiens à travers le monde.
Tasting Georgia: A Food and Wine Journey in the Caucasus (en anglais)
Le livre Tasting Georgia: A Food and Wine Journey in the Caucasus de Carla Capalbo est un hommage visuel et sensoriel à la gastronomie géorgienne. Lauréat du Guild of Food Writers Award (2018) et du Gourmand Cookbook Award (2017) et salué par Saveur comme le meilleur livre en anglais sur la cuisine et le vin géorgiens, il combine plus de 70 recettes authentiques, 390 photographies en couleurs et des récits de voyage qui explorent les dix principales régions culinaires de la Géorgie, de Tbilissi au littoral de la mer Noire en passant par la Kakheti viticole et la Svanétie montagnarde. Ce guide hybride mêle carnet de route, atlas des producteurs locaux, portraits de vignerons en kvevri et traditions familiales, plaçant l’accent sur la dimension humaine des plats — du fameux khachapuri aux soupes khinkali en passant par des cures locales peu connues comme le tutmaji ou le machkatebi. Véritable invitation au voyage culinaire, ce livre enrichit la compréhension du pays en offrant non seulement des recettes détaillées mais aussi des pistes pour découvrir les marchés, les vignobles, les chefs et artisans du Caucase, le tout nourri d’un regard empathique et profondément enraciné dans la culture géorgienne.
Nature et randonnées
Illustrated field guide to the flora of georgia (en anglais)
Le guide Illustrated Field Guide to the Flora of Georgia (South Caucasus) rédigé par Eberhard Fischer, Andreas Gröger et Wolfram Lobin (Universität Koblenz‑Landau, 2018) est une référence botanique exhaustive de 830 pages destinée à accompagner les passionnés de nature et les botanistes explorant la Géorgie du Sud. Il couvre plus de 1 200 espèces végétales, soit près d’un tiers de la flore géorgienne, chacune illustrée par des clichés pris sur le terrain (3 500 photos) et accompagnée d’une carte de répartition pour chacune (1 010 cartes) montrant leur présence régionale, leur habitat, leur période de floraison, leur endémisme et leurs synonymes botaniques. Organisé par familles taxonomiques, le guide offre une entrée par niveau de terrain pratique, parfait pour des sorties d’observation ou des randonnées naturalistes. Fruit de plus de 20 expéditions menées avec des partenaires géorgiens depuis 1999, il combine rigueur scientifique et qualité visuelle, permettant de mieux comprendre la biodiversité d’un des hotspots mondiaux du Caucase .
Disponible dans la librairie Prospero à Tbilissi.
The essence of the Caucasus Svaneti & Upper Racha (en anglais)
Le livre The Essence of the Caucasus – Svaneti & Upper Racha de Richard Bærug (publié en anglais en 2019 pour Svaneti, version étendue en 2022 inclut Upper Racha, 344–415 pages selon l’édition) est une œuvre immersive dédiée aux amateurs de randonnée et de paysages sauvages du Caucase géorgien. Fruit de plus de dix années passées au cœur de la région, l’auteur y réunit 96 itinéraires détaillés (à pied, à ski, à cheval ou à vélo), couvrant plus de 4 600 km, accompagnés de cartes GPS, de récits de voyage et d’innombrables photographies capturées depuis des points de vue rares ou inaccessibles. Chaque circuit mêle tracés techniques, descriptions d’écosystèmes alpins de Svaneti et vallées reculées d’Upper Racha, tout en valorisant les villages montagnards authentiques et la culture locale que l’auteur contribue à mettre en lumière grâce à son engagement touristique sur place. Richesse visuelle, précision pratique et profondeur culturelle font de cet ouvrage une référence incontournable pour construire un voyage au cœur des sommets géorgiens.
Disponible dans la librairie Prospero à Tbilissi.
Apprendre & Comprendre le géorgien
Parlons Géorgien de Irène Assatiani
Ce livre, accompagné de la collaboration de Michel Malherbe, est un manuel de langue et de culture géorgiennes publié chez L’Harmattan en 2011 dans la collection « Parlons… ». Il propose une introduction à l’alphabet original du géorgien et à sa grammaire, réputée complexe, tout en offrant de nombreuses informations culturelles sur l’histoire et les traditions du pays. Chaque leçon est enrichie d’exemples de conversation courante et suivie de deux lexiques bilingues (français–géorgien et géorgien–français), formant un outil complet pour acquérir rapidement un vocabulaire de base et comprendre les spécificités linguistiques de cette langue non indo‑européenne.
Destiné à un large public, cet ouvrage se veut à la fois rigoureux et accessible : novices, voyageurs ou passionnés de linguistique y trouveront un équilibre entre apprentissage formel et découverte culturelle. L’ajout d’une cassette audio (ou d’un CD selon les éditions) permet de s’initier à la prononciation authentique des sons géorgiens, tandis que les encadrés consacrés à la société caucasienne – églises byzantines, coutumes montagnardes, gastronomie locale – immergent le lecteur dans le quotidien du pays. Ce format mixte (texte, lexiques et support audio) favorise une appropriation progressive, tout en éveillant l’intérêt pour la Géorgie et sa riche identité culturelle.
A visionner sur Youtube
Le Sel de Svanétie de Mikhail Kalatozov, 1930
« Salt for Svanetia » (1930), réalisé par Mikhaïl Kalatozov, est un documentaire soviétique muet d’avant-garde consacré à la région isolée de Svanétie, en Géorgie, et à ses habitants, les Svanes. À travers une série d’images saisissantes, le film dépeint leur quotidien rude dans les hautes montagnes du Caucase : l’agriculture archaïque, les rites religieux, l’isolement extrême, et surtout leur lutte contre le manque de sel — denrée essentielle à leur survie. Kalatozov y magnifie la rudesse de la vie paysanne tout en dénonçant le retard de ces régions éloignées. L’esthétique visuelle, influencée par le constructivisme et les techniques de montage soviétiques de l’époque, accentue le contraste entre nature sauvage et misère humaine.
Mais au-delà du documentaire ethnographique, le film est avant tout une œuvre de propagande soviétique, visant à justifier l’intervention de l’État dans les régions « arriérées » pour les moderniser. Il se conclut d’ailleurs par l’arrivée triomphale des machines et de la civilisation socialiste dans les montagnes. Malgré son message idéologique, Salt for Svanetia est aujourd’hui reconnu pour son innovation cinématographique, son sens du cadre et sa puissance visuelle, annonçant déjà le talent que Kalatozov exprimera plus tard dans Quand passent les cigognes (1957). Le film est considéré comme un chef-d’œuvre du cinéma soviétique muet et un précieux témoignage sur une culture montagnarde en voie de disparition.
Avez-vous déjà visiter la Géorgie ? Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.