Visite à pied du vieux Tbilissi | Kala

La visite du vieux Tbilissi qu’on appelle « Kala » est clairement la première chose à faire en arrivant dans la capitale géorgienne. Ce cœur de ville regroupe la plupart des attractions et des bars à vin à ne pas manquer. Je vous propose d’être votre guide dans une visite à pied de 4 km à travers les petites ruelles pour découvrir le patrimoine de la Géorgie et faire de belles photos.

Temps de lecture estimé : 14 minutes

Brève histoire de Tbilissi

Comme toute ville ancienne, Tbilissi a une légende sur sa fondation. Pour être précis, il y en a deux, et les deux histoires sont liées aux sources d’eau minérale chaude dont la vieille ville regorge. Selon l’une des légendes, un roi blessa un cerf alors qu’il chassait dans les bois qui couvraient autrefois cette région. Le cerf sauta dans une source chaude et sa blessure fut guérie par l’eau thérapeutique, ce qui permit à l’animal d’échapper aux chasseurs. La seconde légende raconte que le faucon d’un roi attrapa un faisan lors d’une séance de chasse. Les deux oiseaux tombèrent dans une source d’eau chaude et furent ébouillantés. C’est de là que vient le nom de la ville, Tbilissi (tbili signifie « chaud » en géorgien).

Le roi Vakhtang Gorgasali a décidé de déplacer la capitale à l’emplacement actuel de Tbilissi à la fin du Ve, car cet emplacement était stratégiquement plus pratique. Le processus de repositionnement de la ville principale de Mtskheta, l’ancienne capitale, à Tbilissi a été finalisé par son fils, Dachi Ujarmeli, au début du VIe siècle.

La forteresse est mentionnée pour la première fois sur une carte du géographe romain Castorius au IVe siècle. L’Empire byzantin place Tbilissi sur la carte du monde au VIe siècle et la nomme Tiflis. En raison de certains changements phonétiques dans la langue géorgienne au début du XXe siècle, le nom de la ville a commencé à être prononcé et orthographié comme Tbilissi, sans que cela ne modifie en rien sa signification.

Plan de Kala et du vieux Tbilissi

La vieille ville de Tbilissi se compose de plusieurs petits quartiers. Il y a d’abord la forteresse que l’on appelle Narikala suite aux invasions mongoles du XIIIe sicèle. Ils l’ont rebaptisée Narin Qala (c’est-à-dire, « petite forteresse »). Au pied et au nord, vous avez le quartier de Kala, en gros le quartier de la forteresse. Sur le flan sud-est de la forteresse, vous avez le canyon de Leghvtakhevi qui donne sur Abanotubani, littéralement le quartier des bains, tandis qu’à l’ouest vous avez le quartier des riches marchants de l’Empire qu’on appelle Sololaki. Je traite ce quartier dans un article séparé.

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6+	sur demande

Que faire et quoi voir dans la vieille ville de Tbilissi ?

Place de la liberté

La place de la Liberté a toujours été l’épicentre de la ville, mais elle a subi de nombreuses restaurations et changements de nom. Elle s’appelait place Erevan lorsque la Géorgie était sous l’Empire russe et plus tard, après la prise de pouvoir soviétique, elle a été rebaptisée place Lénine.

Aujourd’hui, sa pièce centrale est le monument de la liberté, dédié à l’indépendance de la nation géorgienne. Fabriqué en granit et en or, il mesure 35 mètres de haut et comporte une statue de 5,6 mètres de haut représentant Saint Georges terrassant le dragon

Longer les murs de défense de Tbilissi

La citadelle fut érigée durant le IVe siècle. Les remparts ont évolué parallèlement à l’expansion de la cité ou suite aux destructions causées par les envahisseurs. L’analyse des différentes strates murales indique que certaines sections ont été détruites puis reconstruites. En 1801, lors de l’annexion de la Géorgie par l’Empire russe, des portions du mur ont été démolies. Un séisme en 1827 a endommagé certaines parties de la forteresse, tandis que d’autres segments ont été ensevelis lors de l’expansion urbaine pour faire place à de nouvelles voies et édifices. Les rues Puchkine et Baratashvili abritent la section la plus remarquable, où l’on peut observer les tours défensives.

Regarder le coucou de la tour de l’horloge

Bien que de taille modeste, le théâtre Gabriadze compte parmi les institutions culturelles les plus importantes du Géorgie. Présentant des spectacles de marionnettes d’une grande maturité, pleins de profondeur et de sens, il a gagné la reconnaissance du public et des critiques internationaux.

L’architecture du théâtre avec notamment la tour de l’horloge en fait une attraction touristique de premier plan surtout quand le coucou se met à chanter.

Visiter la basilique d’Antchiskhati et la cathédrale Sioni

La Basilique d’Antchiskhati est la plus ancienne église orthodoxe de Tbilissi, dont l’histoire remonte au VIe siècle. Les visiteurs sont invités à s’y rendre pour la messe du dimanche matin afin d’assister aux chants liturgiques polyphoniques. L’acoustique incroyable rend l’expérience émouvante.

Construite en pierre de tuf jaune provenant de Bolnisi, le bâtiment est simple, avec des façades pour la plupart dépourvues d’ornements, à l’exception de quelques sculptures en bas-relief. Les fresques vives qui ornent l’intérieur forment un merveilleux contraste. Sioni abrite une relique de la croix de Saint-Nino et les sépultures d’une demi-douzaine d’ecclésiastiques importants.

Traverser le bazar Meidan

Le bazar Meidan est un marché animé installé dans des tunnels en briques, avec objets artisanaux, épices, confitures, vins et tricots géorgiens classiques. Même si maintenant, c’est un passage obligé pour les touristes, il permet d’avoir un apercu de tout ce qui se fait en Géorgie.

Historiquement, Tbilissi et sa région étaient l’une des parties constitutives de la Route de la Soie. Meidan est la place centrale du quartier de « Kala » au pied de la forteresse. Elle est indiquée comme telle sur le plan de Tbilissi dessiné Vakhushti Batonishvili au XVIIIe siècle.

Les rois géorgiens se sont installés exactement ici, à Kala. Les nobles et le patriarche s’installaient près du roi. C’est ici, dans cette zone, que se trouvaient les institutions, la plupart des églises, la rangée d’ateliers et de commerces, les restaurants (« dukani » = pubs géorgiens) et les caravansérails.

Jean Chardin nous dit : « Dans aucune partie du monde vous ne pouvez voir autant d’étrangers de différents pays qu’ici…. Vous y rencontrerez des Arméniens, des Grecs, des Juifs, des Perses, des Indiens, des Tatars, des Moscovites et des Européens ».

Exactement à l’endroit actuel du bazar Meidan les caravanes commerciales venant de l’Est traversaient le pont et prenaient leur route vers l’ouest en passant par les caravansérails. Meidan est donc l’un des plus anciens centres commerciaux du Caucase datant du IVe siècle.

Prendre un bain de soufre à Abanotubani

La partie la plus ancienne de Tbilissi est le quartier des bains que l’on appelle Abanotubani. Les premiers bains ont été construits au VIIe siècle. Sous l’Empire russe ont en compté déjà 37. Ils servaient pour l’hygiène quotidienne mais aussi comme lieu de rencontre où les habitants pouvaient communiquer librement. A cette époque, il était ouvert sans interruption mais il y avait des jours dédiées aux femmes et aux hommes.

Retrouvez plus d’informations sur les bains de soufre du quartier d’Abanotubani dans mon article dédié ici.

Découvrir le canyon et cascade de Leghvtakhevi

Nichée entre des falaises, la cascade de Leghvtakhevi constitue l’un des sites les plus attrayants de la ville, prisé autant par les locaux que par les touristes. Cette chute d’eau atteint 22 mètres de hauteur. À la tombée de la nuit, l’endroit se transforme en lieu romantique idéal pour les promenades en couple. Le nom Leghvtakhevi dérive du terme géorgien « Leghvi », signifiant figuier, arbre qui était autrefois abondant dans la zone. En 2012, la municipalité a financé la construction de nouveaux ponts et de passerelles suspendues au-dessus du cours d’eau, rendant ainsi la visite des cascades plus sécurisée et plaisante qu’auparavant. Humez le soufre qui s’évacue des bains par les canalisations.

En 2025, les passerelles pour accéder à la cascade sont en rénovation.

Monter à la forteresse de Narikala

La forteresse date du IVe siècle et a été considérablement agrandie par les Omeyyades au VIIe siècle et plus tard, par le roi David le Bâtisseur. La plupart des fortifications existantes datent du XVIe siècle. En 1827, des parties de la forteresse ont été endommagées par un tremblement de terre. À l’intérieur de l’ancienne citadelle est érigée l’église Saint-Nicolas datant du XIIe siècle, dont la rénovation date de 1996. L’édifice originale a été détruit en 1827 par une explosion.

Depuis les remparts de la forteresse, vous aurez une vue splendide sur toute la ville. En 2025, le gouvernement géorgien a lancé un programme de rénovation des remparts afin de mettre en place un chemin sécurisé qui fera le tour et permettra d’accéder à la partie supérieure. Des fouilles archéologiques sont également à l’œuvre. On espère que cela sera terminer rapidement car même si l’accès est possible, il reste retreint.

Se perdre dans les ruelles de Kala

En s’engouffrant dans la vieille ville, vous pouvez vous perdre dans les ruelles. C’est une excellent idée pour explorer l’architecture traditionnelle et découvrir quelques endroits cachés comme une église zoroastrienne, les cours intérieurs magnifiques et les anciens manoirs de riches marchands de l’Empire.

Contempler la Mère de la Géorgie

S’il y avait un point de repère pour symboliser Tbilissi, ce ne serait pas le pont de la Paix ni même Narikala mais bien Kartlis Deda, la Mère de la Géorgie. Statue monolithique en aluminium qui veille sur la ville depuis le sommet de la colline Sololaki, elle brandit une épée dans une main (pour affronter ses ennemis) et un bol de vin dans l’autre (pour accueillir ses invités). Le vin ou la mort !

L’accès a la statue depuis la forteresse est fermé pour rénovation en 2025. Vous pouvez l’atteindre en prenant le téléphérique.

Se détendre sur la place Gudiashvili

L’un des quartiers historiques de la capitale géorgienne a fait l’objet d’une récente réhabilitation et restauration. La place Gudiashvili représente un havre de paix au cœur du vieux Tbilissi. Vous y découvrirez une charmante fontaine illustrant des amoureux abrités sous un parapluie. C’est un lieu parfaitement romantique à Tbilissi. Accordez-vous un moment de repos à l’ombre et savourez la quiétude des lieux.

Les édifices entourant la place témoignent du riche patrimoine culturel de la capitale. La construction la plus remarquable abrite la rédaction du journal « Literaturuli Sakartvelo » (Littérature de Géorgie), connue sous le nom de « Tsisperi Sakhli » (Maison bleue). Ce bâtiment a successivement accueilli le quartier général de l’armée russe et l’hôtel des officiers. En 1838, le poète Mikhail Lermontov y séjourna une nuit. À la fin de l’époque médiévale, cette place était désignée comme le « Jardin de Bejana ». Jusqu’en 1828, l’endroit était appelé « Moghnisi » en référence à l’église arménienne de la Vierge Marie située à proximité. Au XIXe siècle, ce secteur constituait le centre administratif des territoires caucasiens de l’Empire russe. Finalement, en 1988, la place fut baptisée Lado Gudiashvili en hommage au grand peintre géorgien. Ce bâtiment n’est pas ouvert aux visites. »

Avez-vous déjà visité la vieille ville de Tbilissi ? Partagez votre avis dans les commentaires ci-dessous.