Vani est le site d’une ancienne ville de Colchide qui attire l’attention du monde entier grâce à ses découvertes archéologiques. Celles-ci indiquent qu’il y a des siècles, il y avait là un centre culturel et économique du monde grec antique. Vani est situé en Géorgie, dans la région d’Imérétie. Depuis 2007, Vani figure sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO.
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Histoire de Vani
Vani était un centre religieux du royaume de Colchide entre le XVIe et le Ier siècle avant notre ère. Il est situé sur une colline et couvre une superficie de 8,5 hectares. Selon Otar Lortkipanidze, le mot « vani » signifiait « maison », « ville » et « habitation » en vieux géorgien. Les contreforts de Vani forment la pointe de la région humide et triangulaire de Colchide, dont la base se trouve le long de la côte orientale de la mer Noire, parsemée de colonies grecques dans l’Antiquité. Le site lui-même était situé à l’intersection d’anciennes routes commerciales, jouissant d’une position dominante sur la plaine adjacente.
Des découvertes archéologiques occasionnelles à Vani ont été signalées pour la première fois par le français Marie-Félicité Brosset en 1851, suivies d’une série de notes dans la presse géorgienne dans les années 1870. Des études archéologiques préliminaires ont été menées par Alexander Stoyanov en 1889 et, à plus grande échelle, par Ekvtime Taqaishvili en 1896 et de 1901 à 1903.
D’autres reconnaissances ont été menées en 1936, suivies de fouilles plus systématiques, mais irrégulières, sous la direction de la première femme archéologue de Géorgie, Nino Khoshtaria, de 1947 à 1962. Ce n’est qu’en 1966 qu’une fouille détaillée à grande échelle de Vani et de ses environs a commencé sous la direction d’Otar Lortkipanidze. Il fut le premier chercheur à mettre en évidence les étapes historiques de la ville et à définir son importance en tant que centre religieux du royaume de Colchide.
Après la mort d’Otar en 2002, les fouilles ont continué sous la direction de Darejan Kacharava. A ce jour, seulement un tier du site a été fouillé, donc il reste de potentielles belles découvertes à faire.
Quatre phases de développement de Vani
Le site archéologique de Vani est le plus fouillé de l’arrière-pays du royaume de Colchide. Il offre le meilleur aperçu du développement de cette région pendant la période de colonisation grecque du littoral jusqu’à l’époque romaine. Quatre phases ont été identifiées, allant du VIIIe siècle au milieu du Ier siècle avant notre ère.
Première phase : entre -800 et -600
Le Vani le plus archaïque semble avoir été un petit établissement, contenant des cabanes en rondins, également connu ailleurs en Colchide. Les couches datées de la première phase, entre 800 et 600 avant notre ère, ont livré des fragments d’argile cuite avec des empreintes d’osier, de la poterie fabriquée à la roue, bien cuite, au feu noir et polie en surface et des figurines en terre cuite de divers animaux. Otar Lordkipanidze pense qu’à cette époque, Vani était un centre cultuel émergent et exerçait une influence significative sur les villages environnants.
Deuxième phase : entre -600 et -350
Au cours de la deuxième phase, entre 600 et 350 avant notre ère, Vani a connu une augmentation tangible de sa richesse, comme en témoignent les grandes jarres de stockage en terre cuite produites localement, les riches sépultures avec des objets funéraires tels que de l’or fin de production locale et l’apparition de poteries grecques importées, la plus ancienne étant un calice de Chiot datant du début du VIe siècle.
Vani semble avoir été dominé par une aristocratie locale, avec une société socialement stratifiée et urbanisée. La période hellénistique précoce, du milieu du IVe au milieu du IIIe siècle avant J.-C., a donné lieu à une influence grecque plus marquée. Les structures en pierre sont utilisées pour la première fois et on retrouve de nombreux éléments de l’architecture grecque. Il existe des preuves de l’imitation des coutumes grecques dans les sépultures et des innovations grecques dans les techniques de fabrication de l’or. Cependant, les tuiles, la poterie et les pièces de monnaie de Sinop, ainsi que les influences cappadociennes sur les bagues de sigillaire et d’autres articles de glyptique indiquent une expansion de l’activité commerciale avec d’autres régions et coïncident avec le déclin des importations attiques dans le commerce de la mer Noire.
Troisième phase : entre -350 et -250
Au cours de la troisième phase de Vani entre 350 et 250 avant notre ère, les changements dans la culture matérielle sont importants. Le sanctuaire principal, situé au sommet de la colline, a été détruit et brûlé, et les fossés rituels ont cessé de fonctionner. De nouvelles constructions en pierre apparaissent, dont un mur d’enceinte. En outre, la poterie traditionnelle de Colchide cède la place à de nouvelles formes, notamment des cruches en forme de poire avec de la peinture rouge sur un fond clair, familières à la Géorgie orientale, anciennement connue sous le nom d’Ibérie, et l’influence grecque devient plus évidente sur l’orfèvrerie. Une découverte importante est une chevalière du IVe siècle avant J.-C. portant, en lettres grecques, le nom de « Dedatos », probablement un souverain local. Otar Lordkipanidze suppose que certains de ces changements peuvent refléter l’infiltration de tribus venues d’Ibérie, qui, à cette époque, connaissait l’urbanisation, la formation d’un État et l’expansion.
Quatrième phase : entre -250 et -47
La quatrième phase à Vani s’étend de 250 à 47 avant notre ère. C’est la période de déclin relatif de la Colchide centrale : de nombreux établissements disparaissent, de même que les riches sépultures. Le site de Vani a vu l’édification d’un solide mur d’enceinte, avec des tours et une porte fortement défendue, construit en brique crue sur un socle de pierre. Vers 150 avant J.-C., une grande partie de la ville a été détruite, comme le prouve la datation des amphores rhodiennes estampillées mises au jour à Vani.
À la fin du IIe siècle av. J.-C., l’activité de construction reprend : certaines parties des ruines sont méthodiquement nivelées et de nouveaux bâtiments sont construits. La partie nord de la colline était dominée par la porte et les structures défensives, et la terrasse inférieure abritait un grand complexe de temples. Les grands bâtiments de la ville étaient décorés de chapiteaux corinthiens et de jets d’eau en forme de tête de lion. Des statues hellénistiques en bronze témoignent de l’impact de la culture grecque. Toujours selon Otra Lordkipanidze, Vani est devenue une ville-sanctuaire semblable aux communautés de temples de l’Anatolie antique. David Braund affirme que les preuves manquent et que l’identification de la fonction de nombreux bâtiments de Vani est problématique.
Au milieu du Ier siècle avant notre ère, la ville antique de Vani a été attaquée et détruite. La porte, le sanctuaire avec son sol en mosaïque, l’autel et le temple rond sur la terrasse centrale de la colline présentent des signes de violence et d’incendie : murs rasés jusqu’aux fondations, pierres cuites, tuiles et briques crues cuites, poutres calcinées. On ne sait pas qui est responsable de la destruction de la ville : Pompée, qui a mené la première incursion romaine dans l’arrière-pays caucasien en 65 avant J.-C., Pharnace II, qui a tenté de conquérir la Colchide en 49 avant J.-C. ou Mithridate de Pergame, qui a été nommé par Jules César successeur de Pharnace en 47 avant J.-C., sont tous des candidats possibles. Selon Otar Lordkipanidze, deux couches de destruction peuvent être observées à quelques années d’intervalle : l’une attribuée à une invasion de Pharnace et l’autre à celle de Mithridate. Par la suite, Vani n’a jamais retrouvé son niveau antérieur.
Le musée archéologique de Vani
Le musée archéologique de Vani, situé dans la région d’Imérétie en Géorgie occidentale, est l’un des sites les plus importants du patrimoine archéologique du pays. Il se trouve dans la ville de Vani, qui était autrefois un centre florissant de la culture antique colchidienne. Le musée expose des artefacts découverts lors des fouilles du site, offrant un aperçu fascinant de l’histoire et de la culture de la région à travers les siècles.
Répartie sur 770 m² d’espace d’exposition, la collection permanente présente la chronologie du développement de Vani, des prouesses architecturales à la maîtrise du travail des métaux. Les visiteurs peuvent s’émerveiller devant les objets en or et en bronze qui ont traversé les millénaires et qui donnent un aperçu de la vie quotidienne, des pratiques religieuses et des échanges économiques de l’ancienne Colchide.
Le musée archéologique de Vani propose également des expositions temporaires qui voyagent à l’intérieur de la Géorgie et à l’étranger, prolongeant ainsi l’histoire de ce site historique au-delà de ses frontières. Des programmes éducatifs, initiés par le Musée national géorgien, impliquent les visiteurs de tous les âges, approfondissant la compréhension de l’héritage de cette ancienne civilisation.
Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 11 heures à 16 heures, le musée propose des billets à des prix abordables, garantissant l’accès de tous à l’exploration de son extraordinaire collection.
Ce que l’on peut trouver à l’intérieur du Musée
Le musée archéologique de Vani abrite une vaste collection d’artefacts couvrant plusieurs siècles de l’histoire de la Colchide. Voici un aperçu de ce que les visiteurs peuvent découvrir à l’intérieur :
1. Trésors en or et en bronze : L’une des principales attractions du musée est la collection d’objets en or, qui comprend des bijoux, des ornements, des diadèmes, des bracelets, et d’autres articles de parure datant du VIe au Ier siècle avant notre ère. Ces objets témoignent du haut degré de maîtrise des artisans colchidiens dans le travail de l’or. Les sculptures en bronze, notamment des figurines humaines et animales, révèlent les influences artistiques locales et étrangères, avec des éléments grecs et perses clairement reconnaissables.
2. Objets rituels et religieux : Le musée expose également des objets utilisés dans les pratiques religieuses et les rituels. Parmi ceux-ci, on trouve des autels, des offrandes en céramique, et des fragments de sculptures de divinités. Vani était un centre religieux important, et de nombreux objets ont été trouvés dans les sanctuaires et les temples de la ville. Ces découvertes offrent des indices sur les croyances spirituelles et les rites pratiqués par les anciens Colchidiens.
3. Céramiques et poteries : Les fouilles archéologiques ont mis au jour de nombreuses céramiques, allant de simples ustensiles domestiques à des pièces plus décoratives utilisées dans les cérémonies. Ces objets en terre cuite offrent des informations précieuses sur les échanges commerciaux, les techniques de fabrication et les styles artistiques de l’époque. On peut y observer l’influence des cultures voisines, notamment grecques et perses.
4. Monnaies et commerce : La présence de pièces de monnaie, y compris des drachmes grecques et des statères perses, montre l’importance de Vani dans le réseau commercial de l’Antiquité. Les relations commerciales avec le monde grec sont particulièrement marquées, et les échanges de produits locaux contre des articles importés ont joué un rôle crucial dans le développement de la ville.
5. Architecture et fortifications : Les restes architecturaux exposés au musée, tels que des colonnes et des chapiteaux, montrent le style architectural de Vani à son apogée. Les fouilles ont également révélé les vestiges des fortifications de la ville, qui indiquent une organisation défensive avancée et l’importance stratégique de Vani dans la région.
Importance et impact du Musée de Vani
Le musée archéologique de Vani ne se contente pas de présenter des objets anciens ; il raconte l’histoire d’une civilisation qui a joué un rôle clé dans le développement de la Géorgie antique. Il contribue à la compréhension du passé culturel du pays, tout en soulignant les influences étrangères qui ont marqué la Colchide.
Depuis sa rénovation en 2012, le musée a modernisé ses installations, offrant désormais des expositions interactives et des présentations multimédias qui enrichissent l’expérience des visiteurs. Ces améliorations ont permis de mieux conserver les objets exposés et d’attirer un plus grand nombre de touristes, contribuant ainsi au développement culturel et économique de la région d’Imérétie.
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