Butrint | Perle archéologique de l’Albanie

Imaginez un lieu où la nature luxuriante et les vestiges d’empires lointains se fondent en une symphonie silencieuse. Bienvenue à Butrint, un site archéologique d’exception en Albanie, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Loin de l’agitation des destinations surdéveloppées, Butrint offre une atmosphère unique, un véritable portail temporel où chaque pierre et chaque arbre racontent une histoire vieille de plusieurs millénaires.

Temps de lecture estimé : 22 minutes

Brève histoire de Butrint

L’histoire de Butrint est un kaléidoscope de civilisations, un témoignage vivant des empires qui ont façonné la Méditerranée. Le site archéologique, d’une richesse inouïe, couvre plus de deux millénaires d’occupation, depuis les temps préhistoriques jusqu’au Moyen Âge.

Antiquité Grecque : Berceau d’une civilisation

Les premières traces d’occupation à Butrint remontent à la préhistoire, avec des preuves archéologiques datant entre le Xe et le VIIIe siècle avant notre ère, bien que certaines estimations suggèrent une présence humaine de plusieurs dizaines de milliers d’année. C’est au VIIe siècle av. J.-C. que Butrint, ou Buthrotum, prend son essor en tant que colonie grecque, fondée par les Chaoniens d’Épire, une tribu grecque du nord-ouest. La ville développe alors une acropole fortifiée sur une colline, un théâtre, un sanctuaire dédié à Asclépios, le dieu de la médecine, et une agora, devenant un port et un centre commercial majeur.

Butrint entretenait des liens étroits avec Corfou, la colonie corinthienne voisine. La mythologie ajoute une dimension épique à ses origines, puisque selon Virgile, le devin Hélénus, fils du roi Priam de Troie, aurait fondé la ville après la chute de Troie, et Énée lui-même y aurait fait escale. Cette légende, bien que mythique, confère à Butrint une aura particulière, la liant directement aux récits fondateurs de Rome et soulignant son importance perçue dès l’Antiquité.

Ère Romaine et Byzantine : Splendeur et Transformation

En 228 av. J.-C., Butrint passe sous protectorat romain, puis devient une colonie romaine florissante sous l’empereur Auguste en 44 av. J.-C.. Cette période voit une expansion considérable de la ville, avec la construction de monuments grandioses tels que le forum (agora), des thermes publics, un aqueduc et un nymphée. La ville est alors un carrefour stratégique important, contrôlant le passage entre l’Adriatique et la mer Ionienne, ce qui a été un moteur constant de son développement.

Au Ve siècle, Butrint se transforme en un centre épiscopal chrétien, et d’importantes structures paléochrétiennes sont érigées, notamment un baptistère et une grande basilique. Cependant, des perturbations des routes commerciales et des menaces de raids durant la période des migrations entraînent un déclin temporaire, et la ville est même temporairement abandonnée avant d’être repeuplée au 9ème siècle sous la domination byzantine. Cette succession d’occupations et de transformations architecturales est ce qui fait de Butrint un véritable « microcosme de l’histoire méditerranéenne », où chaque couche archéologique raconte une partie de cette riche évolution.

Moyen Âge et Héritage Vénitien : Déclin et Redécouverte

Après une période de prospérité temporaire sous les Byzantins, Butrint entame un nouveau déclin à la fin du Moyen Âge, en grande partie à cause de la montée des eaux dans les marais environnants, rendant la ville inhabitable et conduisant à son quasi-abandon. Cette infortune environnementale s’est avérée être une bénédiction masquée. En effet, le fait que la ville ait été abandonnée plutôt que continuellement habitée et reconstruite, comme c’est souvent le cas pour les villes antiques, a permis une préservation exceptionnelle de ses vestiges. Le site a ainsi échappé au développement agressif qui a souvent dégradé la valeur patrimoniale d’autres paysages historiques méditerranéens, agissant comme un mécanisme de conservation involontaire.

Les Vénitiens occupent Butrint aux XIVe et XVe siècles, renforçant ses défenses et construisant le château vénitien sur l’acropole. La ville est finalement abandonnée après la déclaration d’indépendance de l’Albanie en 1912. Ce n’est qu’au 20ème siècle que des fouilles archéologiques majeures, menées notamment par l’archéologue italien Luigi Maria Ugolini, révèlent au monde les trésors cachés de Butrint, faisant d’elle l’un des sites touristiques les plus visités du pays. Ce paradoxe de la préservation – où le déclin et l’oubli ont paradoxalement protégé le site – est un aspect fascinant de son histoire.

Quand Visiter Butrint ? Meilleure période pour une bonne expérience

Le Parc National de Butrint est ouvert toute l’année, offrant des expériences différentes selon les saisons. Cependant, pour profiter pleinement de l’exploration de ce vaste site archéologique, le choix de la période est crucial.

La meilleure période pour explorer Butrint est sans conteste le printemps (avril-mai) et l’automne (septembre-octobre). Durant ces mois, les températures sont agréables, idéales pour la marche et l’exploration des ruines, et les foules sont considérablement moins nombreuses, permettant une immersion plus paisible dans l’histoire. La lumière douce du matin ou de la fin d’après-midi offre également des conditions idéales pour la photographie, capturant la beauté éthérée des ruines dans leur cadre naturel.

Si une visite en été (juin-août) est envisagée, il faut s’attendre à une chaleur intense et à une affluence plus importante, surtout autour de midi. Pour un confort optimal et de meilleures opportunités photographiques, je vous recommande d’arriver dès l’ouverture du parc, tôt le matin, ou de planifier la visite en fin d’après-midi. Un élément important à considérer est la présence de moustiques, qui peuvent être nombreux, surtout en été, en raison de la nature marécageuse du site. Prévoir un répulsif est donc un conseil avisé pour une visite sereine.

Pourquoi visiter Butrint ?

Butrint est bien plus qu’un simple ensemble de ruines ; c’est une expérience immersive qui captive l’imagination. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce site offre un voyage fascinant à travers plus de 2 500 ans d’histoire, des mythes grecs aux empires romain, byzantin et vénitien. Ce qui rend Butrint véritablement unique, c’est l’harmonie parfaite entre ses vestiges archéologiques et son cadre naturel époustouflant : une forêt dense qui procure une ombre bienvenue, des vues paisibles sur le lac et le canal de Vivar, et une atmosphère presque mystique qui rappelle les explorations d’Indiana Jones. Visiter Butrint, c’est s’offrir une plongée profonde dans le passé, tout en étant enveloppé par une beauté naturelle saisissante qui amplifie le sentiment de découverte et d’émerveillement.

Comment se rendre à Butrint ?

Butrint est idéalement située à environ 20 kilomètres au sud de Sarandë, la principale ville côtière de la Riviera albanaise, ce qui la rend facilement accessible. Voici les principales options de transport pour rejoindre ce site historique :

En bus ou minibus

Le bus est l’option la plus économique et la plus pratique pour se rendre à Butrint depuis Sarandë. Des minibus partent toutes les 30 minutes de 6h30 à 19h00. Le point de départ principal se trouve près du port de Sarandë (au rond-point avec le grand arbre) ou près du « Friendship Park ». Le trajet dure environ 30 à 40 minutes et coûte entre 100 et 200 LEK (environ 1 à 2 €). Il est important de prévoir de l’argent liquide, car les billets s’achètent directement à bord.

En taxi

Pour un trajet plus rapide et confortable, le taxi est une excellente option. Le voyage depuis Sarandë dure environ 20 à 25 minutes et coûte environ 1400 Lek, selon la saison et la négociation. Il est conseillé de négocier le prix de l’aller-retour avec le même chauffeur, car il peut être difficile de trouver un taxi à Butrint pour le retour.

Avec une voiture de location

Louer une voiture offre une grande flexibilité et reste un moyen très rapide et facile de rejoindre Butrint. La route SH81 depuis Sarandë est en bon état, le trajet ne prenant qu’environ 30 minutes. Les prix de location de voiture à Sarandë commencent à environ 30 € par jour. Un parking gratuit est disponible près du parc national de Butrint. Si le trajet s’effectue depuis le sud, via le poste-frontière de Qafë Bota, il sera nécessaire de prendre un vieux ferry pour traverser le canal de Vivar, un court trajet qui coûte environ 700 LEK pour une voiture et 100 LEK par personne.

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Informations pratiques pour une visite réussie de Butrint

Pour que l’exploration de Butrint soit des plus agréables, quelques informations pratiques sont essentielles à connaître avant le départ.

Horaires d’ouverture

Le Parc National de Butrint est ouvert tous les jours, toute l’année, généralement de 8h00 au coucher du soleil. En été, cela signifie une fermeture vers 19h00, tandis qu’en hiver, le parc ferme plus tôt, entre 16h00 et 17h00. Le musée situé dans le château de l’Acropole a des horaires plus restreints, ouvrant de 9h00 à 16h00. Il est toujours judicieux de vérifier les horaires exacts sur place, car ils peuvent varier légèrement selon la saison ou des événements spécifiques.

Prix d’entrée

Le prix d’entrée pour les visiteurs étrangers est de 1000 LEK (environ 10 €). Les jeunes de 12 à 18 ans bénéficient d’un tarif réduit de 500 LEK, et l’entrée est gratuite pour les enfants de moins de 12 ans. Le paiement se fait uniquement en espèces, en LEK albanais ou en euros. Le billet d’entrée inclut l’accès au musée, offrant ainsi une valeur ajoutée à la visite.

Conseils essentiels pour une visite agréable

Je vous recommande de prévoir entre 2 et 3 heures pour la visite du site. Toutefois, les passionnés d’histoire et d’archéologie pourraient facilement y passer une journée entière pour approfondir chaque détail. Le site étant vaste (près de 200 ha) et le terrain souvent inégal avec des chemins rocheux et des montées, des chaussures confortables et robustes sont indispensables pour naviguer sans difficulté et profiter pleinement de l’expérience.

Pour un confort optimal, il est conseillé d’apporter suffisamment d’eau et quelques snacks, car les points de rafraîchissement sont limités à l’intérieur du parc. Une protection solaire (chapeau, crème solaire, lunettes de soleil) est fortement recommandée, surtout pendant les mois d’été où la chaleur peut être intense et le soleil implacable. En raison de la proximité des zones humides, un anti-moustiques est également un allié précieux pour éviter les désagréments, en particulier en haute saison. Arriver tôt le matin est un excellent moyen d’éviter les grandes foules et la chaleur, permettant une expérience plus sereine et de meilleures opportunités photographiques.

Accessibilité et commodités

Bien que le site soit magnifique, son terrain inégal et l’accès à certaines structures comme le château de Butrint (par un long escalier étroit) peuvent rendre certaines parties moins accessibles aux personnes à mobilité réduite. Des panneaux d’information sont disséminés sur le site, souvent en anglais, et une carte est disponible à la billetterie pour aider les visiteurs à s’orienter et à comprendre l’histoire de chaque vestige.

Des toilettes publiques gratuites sont disponibles, ainsi que des points d’information. On trouve quelques boutiques de souvenirs et des options de restauration près de l’entrée ou au château, mais les options de rafraîchissement sont limitées à l’intérieur du parc.

Plan et carte de Butrint

Je vous invite à jeter un œil à ma carte interactive de l’Albanie pour avoir tous les points d’intérêt que je mentionne dans mes articles.

Excursion pour visiter Butrint

Après avoir analysé plusieurs excursions, je n’en trouve qu’une seule qui est bien notée (voir ci-dessous). Dans les autres, il y a toujours un truc qui cloche ! Bien que cette option soit plus coûteuse, elle offre plusieurs avantages : départ possible directement depuis votre hébergement à Saranda ou Ksamil, accompagnement par un guide anglophone, petit groupe et durée suffisante pour apprécier pleinement l’expérience. Si vous ne souhaitez pas faire tous les sites et vous concentrez uniquement sur Butrint, cette visite sur Viator avec un guide professionnel est parfaite.

Quoi voir à Butrint ? Les 10 incontournables du parc archéologique

Le site archéologique de Butrint est un véritable trésor, où chaque vestige raconte une partie de son histoire millénaire. L’entrée au parc inclut l’accès à toutes les attractions et au musée.

Théâtre antique

Le théâtre de Butrint est l’une des structures les mieux conservées du quartier urbain antique, datant du IIe siècle av. J.-C., bien qu’il ait probablement été construit sur le site d’un théâtre grec antérieur du IVe siècle av. J.-C.. De forme semi-circulaire classique, il pouvait accueillir jusqu’à 2 500 spectateurs et était un élément central du sanctuaire d’Asclépios, le dieu de la médecine.

Des inscriptions en grec ancien, encore visibles sur les sièges, témoignent de l’affranchissement d’esclaves et des noms de résidents éminents pour lesquels des places étaient réservées. Des statues d’empereurs romains, comme Auguste et Livie, ont été découvertes sur le site de l’ancienne scène. Le théâtre accueille encore des spectacles et son image figure sur le billet de 2000 LEK albanais, soulignant sa signification culturelle profonde pour la nation. La scène est parfois inondée, abritant même des tortues aquatiques, une illustration de la nature reprenant ses droits.

Baptistère et sa mosaïque époustouflante

Le baptistère de Butrint est un monument paléochrétien circulaire du VIe siècle, adapté d’une structure romaine préexistante. Il est réputé pour son pavement de mosaïque polychrome exceptionnellement bien conservé et complexe, considéré comme le plus élaboré de tous les baptistères antiques tardifs encore existants en Méditerranée.

La mosaïque présente sept bandes circulaires entourant les fonts baptismaux centraux, symbolisant le salut et l’éternité. Elle est ornée de motifs d’oiseaux (paons, poules), de poissons, de cerfs, et d’autres animaux, chacun ayant une signification symbolique liée à la vie éternelle et à la renaissance chrétienne. Pour sa préservation, la mosaïque est généralement recouverte de sable et n’est exposée au public que périodiquement, souvent tous les quelques années. Cette mesure de conservation permet de protéger cette œuvre d’art fragile des effets de l’humidité et de l’exposition constante.

Porte du Lion

La Porte du Lion est l’une des portes d’accès à l’acropole de Butrint, datant de l’époque classique et hellénistique. Elle tire son nom d’un linteau emblématique représentant un lion dévorant un taureau, un relief archaïque (datant du VIe siècle av. J.-C.) qui fut réutilisé et ajouté au Ve siècle pour réduire la taille de l’ouverture et faciliter la défense de la ville.

La porte actuelle est le résultat d’une reconstruction médiévale. Sa petite taille oblige les visiteurs à se baisser pour passer, offrant une expérience tangible de la manière dont les fortifications étaient conçues pour la protection. Près de la porte se trouve une source associée au culte romain des nymphes, potentiellement utilisée pour des rites chrétiens ultérieurs, illustrant la superposition des croyances et des usages au fil des siècles.

Grande Basilique Paléochrétienne

La Grande Basilique était l’église principale de Butrint à la fin de l’Antiquité, construite au début du VIe siècle. Elle mesurait une impressionnante longueur de 32 mètres avec un transept de 24 mètres et une abside pentagonale, témoignant de son importance architecturale et religieuse à l’époque.

Initialement dotée de trois nefs séparées par des colonnades et un sol en mosaïque, dont des fragments sont encore visibles aujourd’hui, la basilique a été substantiellement reconstruite au Moyen Âge, entre le IXe et le XIIIe siècle. Malgré sa taille, elle n’était pas la cathédrale d’origine, mais aurait été construite avec des fonds privés, probablement pour servir de lieu de sépulture à son bienfaiteur et à d’autres, comme en témoignent les tombes découvertes sous son sol.

Forum Romain (Agora)

L’agora grecque de Butrint a été transformée en un imposant forum romain sous l’empereur Auguste, devenant le cœur vibrant de la vie publique de la colonie romaine. C’était le centre névralgique de la ville, où se déroulaient la justice, l’administration, le commerce, les pratiques religieuses et les divertissements.

Découvert en 2005, le Forum de Butrint est le seul forum connu dans la région d’Épire et l’un des mieux conservés de l’époque augustéenne dans les provinces de l’Empire romain. Ses vestiges témoignent de la sophistication de l’urbanisme romain et des changements culturels qui ont marqué la transition de la cité grecque à la colonie romaine.

Château Vénitien et son Musée Archéologique

Situé sur l’acropole, le point le plus élevé et le plus défendable du site, le Château Vénitien a été construit par les Vénitiens aux XIVe siècle. La structure actuelle est en grande partie une reconstruction réalisée par l’archéologue italien Luigi Maria Ugolini dans les années 1930. Du haut de l’acropole, le château offre une vue panoramique imprenable sur l’ensemble du site de Butrint, le lac, le canal de Vivar et même l’île grecque de Corfou au loin.

Le château abrite le Musée Archéologique de Butrint, un incontournable pour comprendre la profondeur historique du site. Il expose plus de 1300 objets découverts lors des fouilles, organisés chronologiquement de la préhistoire à la période vénitienne. Les collections comprennent des sculptures en pierre, des outils en os, des céramiques, des objets en verre, et des pièces de monnaie anciennes, ainsi que des répliques de mosaïques, dont celle du baptistère. Le musée, rénové en 2005, est l’un des centres archéologiques les plus visités d’Albanie, offrant un aperçu complet de la vie quotidienne, de l’art et de la religion des différentes civilisations qui ont habité Butrint.

Le Sanctuaire d’Asclépios

Dédié à Asclépios, le dieu grec de la médecine, ce sanctuaire était un centre de guérison d’une grande importance pour la région. Situé sous l’Acropole, il attirait des pèlerins venus de tout le monde grec, cherchant des remèdes à leurs maux et participant à des rituels de guérison.

Le sanctuaire a été construit entre la fin du IVe et le début du IIIe siècle av. J.-C.. Des objets votifs et des inscriptions portant le nom d’Asclépios ont été trouvés sur le site, attestant de l’activité du culte. Le théâtre antique a été construit en lien étroit avec ce sanctuaire, intégrant même des éléments du sanctuaire dans ses fondations lors de rénovations romaines, démontrant la relation symbiotique entre les pratiques religieuses et les activités publiques.

Thermes romains de Butrint

Les thermes romains de Butrint ont été construits lors de l’établissement de la colonie romaine et ont fait l’objet d’importantes rénovations au IIe siècle. Ils faisaient partie intégrante du forum et étaient des lieux essentiels de la vie sociale romaine, servant non seulement à la baignade, mais aussi à la détente, aux exercices physiques et à la socialisation.

Les visiteurs peuvent encore observer des vestiges impressionnants du système d’hypocauste, le chauffage par le sol, avec des sols carrelés suspendus sur des piliers de briques. Le complexe comprenait plusieurs salles aux températures variées, dont un frigidarium (salle froide) et un caldarium (salle chaude) avec une petite piscine, illustrant la sophistication de l’ingénierie romaine en matière de bains publics.

Palais Triconque

Le Palais Triconque est une grande résidence romaine tardive, initialement une villa traditionnelle du IIe siècle qui fut transformée en un palais impressionnant vers l’an 420. Il tire son nom de ses trois grandes alcôves (conques) qui entouraient la salle à manger luxueuse, un style architectural typique des triclinia de l’Antiquité tardive.

Les archéologues suggèrent que le bâtiment fut abandonné brusquement avant son achèvement, possiblement en raison d’une montée du niveau du lac de Butrint. Cependant, des fouilles ont révélé des céramiques du début du Moyen Âge, indiquant que le site a été réoccupé et adapté jusqu’au XIIIe siècle, même si aucune activité de construction majeure n’y a eu lieu après le 7ème siècle.

Fontaine des Nymphes

La Fontaine des Nymphes est un nymphée romain, une fontaine publique décorative du IIe siècle, dédiée aux nymphes. Il s’agit d’une structure en brique avec trois niches et un bassin, alimentée par un aqueduc qui traversait le canal de Vivar.

Cette fontaine était un point d’eau vital pour les habitants et un lieu d’importance religieuse. La zone de la fontaine a été ultérieurement utilisée pour des rituels chrétiens, montrant la continuité et l’adaptation des espaces sacrés au fil des époques. Une inscription notable mentionne Junia Rufina, une « amie des nymphes », qui a financé sa restauration, soulignant le rôle des bienfaiteurs privés dans l’embellissement de la cité.

Quoi voir autour de Butrint ?

Île Tongo

Tongo est une petite île rocheuse de 2,5 hectares située dans la baie de Ftelia, au bout sud de la côte ionienne albanaise, à seulement quelques centaines de mètres de la frontière grecque. Mesurant environ 250 m de long sur 100 m de large, elle est entièrement inhabitée et recouverte de broussailles basses, offrant un décor sauvage et paisible entouré d’eaux turquoises limpides. Accessible uniquement en bateau depuis Ksamil ou Saranda, l’île est célébrée pour sa biodiversité marine – poissons, coraux, éponges – et constitue un spot parfait pour la plongée en apnée, la baignade ou une pause nature loin de l’agitation.

Même si elle ne compte ni plage aménagée ni infrastructures touristiques, Tongo est souvent incluse dans des circuits à la journée au départ de Ksamil, comprenant snorkeling, baignade, visites de criques cachées et parfois un barbecue sur la plage de Ftelia ou directement sur l’île après une courte croisière en bateau pneumatique.

La Maison Oubliée

Sur le chemin de Butrint, un sentier mène à la « Maison Oubliée », une maison en pierre abandonnée. La marche pour y parvenir est très agréable, traversant des paysages fleuris et offrant parfois la compagnie de troupeaux de moutons. Le trajet dure prend 20 minutes depuis le parking. Depuis la maison, les visiteurs peuvent admirer l’une des meilleures vues sur le château d’Ali Pacha, situé de l’autre côté du canal. C’est une activité qui combine randonnée légère et découverte d’un point de vue unique.

Château d’Ali Pacha (Île)

Le Château d’Ali Pacha, datant du début du XIXe siècle, est une forteresse impressionnante perchée sur une bande de terre entourée d’eau dans une crique. Il n’est pas accessible à pied depuis la terre ferme. Pour explorer ce château miniature, il est possible de négocier un transport avec un pêcheur local ou de louer un bateau (ou un kayak) près de l’embarcadère du ferry à Butrint pour une courte traversée. Des vues directes sur le château peuvent également être appréciées depuis le sentier menant à la Maison Oubliée.

Combien de temps faut-il pour visiter Butrint ?

La durée de visite recommandée pour Butrint varie selon l’intérêt du visiteur. Je vous suggère de prévoir au moins 2 heures pour explorer les principaux sites archéologiques. Cependant, les passionnés d’histoire et d’archéologie, désireux d’approfondir chaque détail et de s’imprégner de l’atmosphère, peuvent facilement y passer une journée entière.

Pour un itinéraire idéal, commencez votre exploration par le Théâtre Antique et le Sanctuaire d’Asclépios à proximité, qui sont parmi les premiers monuments découverts et offrent un aperçu fascinant de l’époque grecque. Poursuivez avec le Baptistère et la Grande Basilique pour découvrir l’héritage paléochrétien de Butrint. Dirigez-vous ensuite vers le Forum Romain (l’ancienne Agora) pour comprendre la vie publique sous l’Empire romain. Montez ensuite vers le Château Vénitien, qui abrite le musée archéologique, offrant des vues panoramiques spectaculaires sur l’ensemble du site et ses environs. En descendant de l’acropole, ne manquez pas le Palais Triconque, les Thermes Romains et la Fontaine des Nymphes, des vestiges qui illustrent la vie quotidienne et l’ingénierie romaine. Terminez votre visite par une promenade le long de la muraille extérieure pour atteindre la Porte du Lion, qui offre également de belles vues sur le lac et le canal de Vivar. Cet itinéraire permet de suivre une progression logique à travers les différentes périodes historiques du site, tout en profitant de son cadre naturel unique.

Avez-vous déjà visiter Butrint ? Partagez vos impressions dans les commentaires ci-dessous.